Suite à une question écrite posée par Pervin Buldan, députée kurde HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More de Iğdir, Présidente de Yakay-Der, une association de solidarité et d’assistance pour les familles de personnes disparues, Bekir Bozdağ, Ministre de la Justice, chiffre à 1 914 le nombre d’enfants de moins de 18 ans incarcérés dans les prisons de Turquie : 1 442 d’entre eux seraient détenus dans l’attente d’un jugement ; seuls 472 auraient été condamnés et purgeraient une peine. La durée moyenne de détention pour les mineurs serait de 110 jours. A noter également que 353 enfants seraient détenus et condamnés à purger leur peine auprès de leur mère également détenue.
Cette déclaration ministérielle corrobore celle de deux membres d’une association, Zafer Kirac et Mustafa Eren, qui avaient déclaré à l’agence de presse Bianet que la Turquie maintenait en prison, dans le cadre de son système de sanction pénale, 2 000 enfants dont un quart seulement avait été jugé et condamné. Ils dénonçaient donc le fait que 1 600 enfants étaient maintenus en détention sans jugement.
71 plaintes
Répondant aux accusations concernant la situation des mineurs, Bekir Bozdağ prétend que 71 requêtes et plaintes seulement auraient été déposées depuis 2002 auprès des instances du ministère de la Justice, faisant état de mauvais traitements, de menaces verbales et physiques dont les enfants auraient été victimes, comme l’interdiction d’accès aux activités sociales, au téléphone et aux services médicaux. Ces réponses à minima sont loin d’être satisfaisantes, mais c’est déjà un début de réponse. Le ministère, tout en minimisant l’affaire, reconnaît le problème que nous avons eu l’occasion de dénoncer précédemment avec la venue d’une exposition “En soutien aux enfants kurdes emprisonnés” (initiative du réseau PCF/Kurdistan). Sebahat Tuncel, députée HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More d’Istanbul, avait également dénoncé les violences sexuelles sur mineurs dans la prison turque d’Adana et demandé l’ouverture d’une enquête : “ce qui s’est produit est une honte pour la Turquie. Le Ministère de la Justice se doit de mettre immédiatement à pied la direction de la prison”.
Des questions sans réponses
D’autres questions posées par le HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More sont restées sans réponse, le ministre de la justice se retranchant derrière un défaut de statistiques. On ne saura pas combien d’enfants sont décédés durant leur détention. On ne connaitra pas non plus le nombre des enfants détenus pour raisons politiques.
André Métayer