Il faut libérer Öcalan, c’est un personnage incontournable si on veut parvenir à la paix. La situation des Kurdes en Turquie se dégrade, les arrestations se multiplient, l’Europe ne doit pas cautionner ça,
a déclaré à l’AFP Eyyup Doru, représentant en Europe du parti pro-kurde BDP, Parti pour la Paix et la Démocratie.
Strasbourg, siège du Parlement européen, siège du Conseil de l’Europe, siège de la Cour européenne des Droits de l’Homme, siège du Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), est le lieu par excellence choisi par les Kurdes pour lancer un énième appel à la communauté internationale et notamment aux pays européens, comme l’a souligné Yurtsever Tekiner, porte parole de la Confédération des associations kurdes d’Europe (Feyka).
Des milliers de manifestants (10 000 selon la police, 40 000 selon les organisateurs) sont venus de France, d’Allemagne et des autres pays européens, soutenus par des parlementaires kurdes mais aussi par des députés français, allemands et européens.
Il serait temps en effet que les institutions européennes inhibées, les agences de presse sous contrôle et l’opinion publique abusée abandonnent leurs préjugés antikurdes et leurs raisonnements simplistes inoculés insidieusement par la propagande turque, qui a réussi à faire croire, en procédant à des arrestations massives, que tous les dirigeants kurdes, les militants kurdes, les journalistes kurdes, les avocats kurdes, et même les syndicalistes, étaient tous des terroristes et que la lutte armée, même lorsqu’elle est soutenue par tout un peuple, peut être vaincue par la force, à l’aide d’armes chimiques s’il le faut.
Les Kurdes ne veulent pas la guerre : ils demandent la reconnaissance de leur identité. A force de ne pas prendre au sérieux les avertissements sans frais, comme celui d’aujourd’hui à Strasbourg, le gouvernement turc mais aussi tous les États et toutes les institutions qui le soutiennent prennent la responsabilité d’une radicalisation des actions avec tous les dérapages inévitables. Déjà des signes d’impatience se font jour comme les attaques, à Pantin et à Cologne, contre un journal turc Zaman[[Derrière ce journal islamo-conservateur se profile une confrérie très active dotée de solides appuis financiers et politiques, dénommée Gülen, du nom de son fondateur Fethullah Gülen, réfugié au Etats-Unis. Ses disciples seraient plusieurs millions, principalement en Turquie et, soutien actif du gouvernement en place, auraient déjà investi les différents corps de l’Etat (haute administration, justice, police, armée). Pour autant les rapports entre la puissante (trop puissante ?) confrérie islamiste et le très sourcilleux Premier ministre Erdogan seraient tendus. Divergence idéologique ou guerre des ego ?]], attaques condamnables mais prévisibles.
André Métayer