A la demande de la Turquie, via Interpol, l’Espagne avait interpelé, les 24 et 26 mars derniers, deux militants kurdes, Remzi Kartal, Président de la Commission des Affaires étrangères du KNK [[KNK est une fédération regroupant une trentaine d’organisations. Le KNK a pour objectif de -renforcer l’unité et la coopération des Kurdes dans toutes les parties du Kurdistan et de soutenir leur combat à la lumière des intérêts supérieurs de la nation kurde- (article 7, paragraphe A, de la charte constitutive du KNK). Kongra-Gel (branche politique du Parti des Travailleurs du Kurdistan) est membre du KNK.]](Parlement kurde en exil devenu Congrès National du Kurdistan) et son vice président Eyyup Doru, également directeur du Centre d’Information du Kurdistan de Paris, et les avait, après une garde à vue, mis en liberté provisoire en les assignant à résidence à Madrid, sous contrôle judiciaire.
Remzi Kartal était accusé de participation à une organisation terroriste, accusation déjà réfutée par les tribunaux allemands, et Eyyup Doru, fiché comme journaliste, était accusé d’être un traducteur de ROJ TV (chaine de TV kurde en exil) “qui appartient à l’organisation terroriste” et d’être “un membre actif de l’organisation terroriste PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More depuis 1980”, selon le témoignage (!) d’un “repenti”, datant du 7 février 2004, tout en précisant que E. Doru n’avait “jamais participé à des incidents en relation avec des armes”.
L’un et l’autre étaient accusés “d’être des diplomates actifs du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More en Europe” et des “agents recruteurs l’organisation terroriste PKK”.
Ces deux personnalités bénéficiant du statut de réfugié politique, ces arrestations avaient soulevé un vaste mouvement de protestation de la part du monde politique et de la société civile : Remzi Kartal, et Eyyup Doru, dit Faruk Doru, très présents dans les milieux diplomatiques mais aussi sur le terrain, sont très estimés des milieux associatifs, de la communauté kurde et de nombreuses personnalités politiques qui les ont reçus à maintes reprises. Un nombre considérable de démarches a donc été initié, à partir de la Bretagne, certes, mais aussi de l’Europe toute entière, en direction des autorités espagnoles, françaises, européennes et onusiennes.
Aujourd’hui, Remzi Kartal et Eyyup Doru sont libres et lavés de toutes accusations : la 4° chambre criminelle d’un tribunal pénal espagnol à compétence nationale, l’Audiencia Nacional, a rendu son verdict les 8 et 28 juillet derniers et a débouté la Turquie au motif qu’elle n’avait apporté aucune preuve justifiant ses demandes d’extradition ; elle précise également que M.M. Kartal et Doru bénéficient, en outre, de la protection internationale que leur confère le statut de réfugie politique.
De retour en Belgique, Remzi Kartal est promu président du Congrès du Peuple du Kurdistan (Kongra GEL) et Faruk Doru est pressenti pour le remplacer à la présidence de la commission des affaires étrangères du KNK.
Ce mois d’août 2009 sera-t-il le mois des prémices de la paix ? On attend les propositions que doit faire Abdullah Öcalan, Président du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, et le gouvernement turc, qui semble craindre cette initiative, accélère la cadence : le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qui vient de rencontrer Ahmet Türk, Président du DTP parti pro-kurde représenté au Parlement, qualifie cette rencontre encore improbable il y peu de temps, de “vraiment importante”. Et l’AFP d’ajouter : ” Les efforts d’Ankara coïncident avec l’annonce attendue pour la mi-août d’une feuille de route pour une sortie du conflit, mise au point par le chef emprisonné des rebelles, Abdullah Öcalan, dont le parti a par ailleurs prolongé un cessez-le-feu unilatéral jusqu’au 1er septembre” (AFP, 05/08/09). Il est à noter aussi, et c’est nouveau, qu’une grande partie de la presse bourgeoise turque, les milieux économiques turcs et le gouvernement turc déclarent ouvertement qu’il faut changer de politique et reconnaissent la nécessité de renoncer à la politique d’assimilation ; cette nouvelle approche est soutenue par les Etats-Unis, certains pays européens, comme la Grande Bretagne, ou encore comme le PDKParti démocratique du Kurdistan, parti du clan Barzani, dirigeant le nord du KRG. More du Kurdistan d’Irak, le parti du président Barzani.
Rennes le 12 Aout 2009
André Métayer