Les Kurdes ont manifesté en Turquie, dans les régions kurdes (Diyarbakir, Van, Silopi, Hakkari, Urfa, Yüksekova…) mais aussi dans les villes de la Turquie de l’Ouest (Izmir, Istanbul…) pour célébrer le 31ème anniversaire du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More), créé le 27 novembre 1978 dans le village de Fis, près de la petite ville de Lice (région de Diyarbakir) ; les incidents, parfois violents, ont été diversement commentés : l’AFP fait état de 153 arrestations chez les manifestants et la presse kurde dénonce les provocations de nationalistes turcs, notamment à Izmir, et une campagne anti kurde lancée à travers tout le pays.
La diaspora kurde a également manifesté en Europe : on notera différents concerts (Paris… et même à Saint Aubin du Cormier !) et rassemblements dont un à Rennes :
“quelque 150 Kurdes ont défilé hier soir (n.d.l.r. samedi 29/11), dans le centre de Rennes. Hommes, femmes, et enfants portaient flambeaux et banderoles rouge et or, en scandant ‘Libérez Öcalan’ et ‘solution politique pour le Kurdistan’ ; Ils s’inquiètent, poursuit le journaliste de Dimanche-Ouest-France, des volte-face du gouvernement turc qui accorde des droits, un jour, mais qui durcit la détention des prisonniers ensuite”.
En bref : “ils ne croient plus à l’ouverture démocratique” du Premier Ministre, malgré les commentaires de la presse délibérément élogieux qui n’ont que l’excuse de vouloir soutenir à tout prix les mesures annoncées, même quand elles apparaissent limitées et aléatoires.
Déjà, certaines voix font entendre un certain scepticisme, comme celle de Reporters sans Frontières (RSF) qui estime que le débat sur la question kurde
“reste verrouillé : la portée de cette réforme restera considérablement amoindrie tant que les médias ne pourront aborder librement la question kurde sans risquer des poursuites pénales” (AFP 21/11/09).
Mais aujourd’hui l’aggravation de la situation d’Abdullah Öcalan met le feu aux poudres : condamné à la prison à vie en 1999, le leader du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More était soumis depuis 10 ans, dans l’île-prison d’Imrali, à des conditions d’isolement extrêmement sévères dénoncées par le Conseil de l’Europe. Voulant montrer sa bonne volonté, le gouvernement turc avait annoncé des mesures d’assouplissement mais il semble que cette annonce ne soit qu’un “effet d’annonce” : le détenu Abdullah Öcalan, âgé de 61 ans et souffrant de problèmes respiratoires, aurait quitté le 17 novembre dernier sa cellule de 13 m² pour un “tombeau” de 6m² sans fenêtre ni aération suffisante.
Toucher à un cheveu d’Öcalan est un “casus belli” pour les Kurdes qui n’hésitent pas à comparer “Sayin Öcalan” à Nelson Mandela, le “terroriste” de l’ANC qui est resté 27 années en prison avant de se trouver propulsé, à 72 ans, à la présidence de l’Afrique du Sud ; ce n’est pas la décision administrative gouvernementale de tolérer l’installation de panneaux signalétiques bilingues à Diyarbakir qui va changer la donne, d’autant plus qu’une nouvelle menace pointe à l’horizon : l’interdiction du DTP (Parti pour une Société démocratique), principal parti pro-kurde de Turquie, pour “collusion avec les rebelles du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More)”.
La Cour constitutionnelle de Turquie va en effet examiner le 8 décembre l’acte d’accusation du procureur de la Cour de Cassation et nous voilà donc au cœur du problème : les mesures annoncées par Ankara viseraient, selon un observateur attentif,
“à améliorer les droits des Kurdes dans l’espoir d’éroder le soutien de la population au PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, en lutte contre les forces turques depuis 1984. Mais ces mesures, qui concernent principalement l’usage de la langue kurde, ne satisfont pas le DTP”.
Or le DTP a conquit sa légitimité dans les régions kurdes de Turquie en remportant les élections locales et régionales et il devient de plus en plus difficile pour l’Etat turc de faire croire à l’axiome PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More = TERRORISME quand un parti légal pro-kurde dont la représentativité est incontestable le refuse.
Musa Çimen, de l’Observatoire de la Vie politique turque (OVIPOT), note
“une vision assez classique du règlement de la question kurde selon laquelle l’augmentation du niveau de vie des Kurdes permettrait de répondre significativement à leurs attentes, ne suffira pas, et le gouvernement devra aussi comprendre que la question kurde est avant tout un problème politique”.
Si la Turquie est, sur le plan stratégique “une puissance régionale en train de s’affirmer ” (Jean Marcou, OVIPOT, 03/12/09), il lui est donc nécessaire, je présume, de commencer par régler politiquement ses problèmes intérieurs : l’ouverture de vraies négociations s’impose, sans exclusive ni anathème.
André Métayer