Des centaines de prisonniers politiques ont entamé une grève de la faim illimitée dans plusieurs prisons turques. Ils dénoncent les pratiques arbitraires de l’administration pénitentiaire et les violations croissantes de leurs droits. La grève de la faim lancée dans les prisons d’İzmir (Aliağa Şakran), d’Edirne, de Sincan, de Sirnak, d’Urfa-Hilwan et de Van est en train de gagner tout l’univers carcéral en Turquie. Les revendications sont clairement exposées :
- Fin du régime d’état d’urgence (OHAL) ;
- Reprise des négociations politiques avec le mouvement kurde ;
- Fin de l’isolement de tous les prisonniers politiques, dont le leader Abdullah Öcalan ;
- Fin de la répression dans les prisons ;
- Fin des raids dans les quartiers pénitentiaires ;
- Rétablissement de la communication entre les quartiers ;
- Autorisation d’activités sociales dans les prisons ;
- Suppression des restrictions sur les livres ;
- Fin des harcèlements des gardiens durant les visites des familles ;
- Mise en place d’un dispositif de soins pour les personnes malades ;
- Respect du droit de communication des prisonniers.
Deniz Kaya, porte-parole des prisonniers politiques du PAJK (Parti de la Libération des Femmes du Kurdistan) et du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More (Parti des Travailleurs du Kurdistan) en grève de la faim, a notamment déclaré l’AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More essaie d’intimider l’opposition par des décrets d’urgence, des arrestations, des détentions et la normalisation de la torture. Des parlementaires, des maires, des universitaires et des journalistes sont arrêtés, les villages incendiés, les maisons détruites et les personnes déplacées et massacrées. L’isolement du leader du peuple kurde Abdullah Ocalan est étendu à toutes les prisons. Notre chef et les camarades qui sont dans la même prison avec lui sont interdits de rencontrer leurs familles ou leurs avocats, et sont même interdits d’envoyer des lettres.
Les personnes mises en prison n’ont aucune garantie pour leur vie. Chaque jour, nos amis qui sont exilés d’une prison à l’autre sont fouillés à nus et torturés. Nos biens sont saisis lors des raids dans nos cellules et les lettres que nous écrivons en kurde ne sont pas envoyées car elles sont considérées comme étant écrites dans une «langue inconnue». Les caméras sont placées dans nos cellules d’une manière qui viole nos espaces de vie, et nous sommes forcés de rester attentifs lors des appels et de porter des badges comme lors du coup d’Etat du 12 septembre. Le bloc fasciste AKP-MHP cherche à consolider sa dictature en faisant d’Erdoğan un hyper président par un référendum. Nous, les prisonniers du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More et du PAJK, nous déclarons que nous continuerons à rejeter ce système fasciste et raciste et à résister. Nous appelons tous les groupes sociaux à dire «NON» lors du référendum imposé par l’alliance AKP-MHP et à renforcer la résistance sur tous les fronts.
Dans son rapport, l’IHD a attiré l’attention sur la situation critique des prisonniers en grève de la faim et constate que, chaque jour qui passe, le nombre d’actes signalés de torture et de violations des droits est en augmentation. Des détenus sont victimes d’opérations violentes dans les cellules lors de “véritables raids” au cours desquels ils sont systématiquement battus. Les familles craignent pour la vie des leurs en grève de la faim : leur santé se détériore chaque jour car l’administration pénitentiaire ne leur fournit pas de vitamine B1, vitale pour leur survie.
André Métayer