Des liens profonds unissent depuis 1979 les deux villes métropoles, Rennes et Diyarbakir. Nathalie Appéré, maire de Rennes, ne manque de le rappeler à chaque intervention en faveur de son alter ego de Diyarbakir, Gültan Kışanak, qu’elle a reçue en décembre 2015 : le courant est passé entre ces deux femmes, nouvellement élues, prêtes à continuer cette coopération technique, humaine, solidaire, engagée depuis plus de trente ans. Répondant aux priorités définies par Diyarbakir, la Ville de Rennes a apporté par le passé son appui dans le domaine du logement et de l’urbanisme. Dans le cadre d’une convention de partenariat avec l’Agence française de Développement, engagée financièrement à hauteur d’un prêt de dix millions d’euros, Rennes a mis à disposition son expertise. De son côté les Amitiés kurdes de Bretagne (AKB) se sont intéressées aux habitants du quartier de Ben û Sen, un de ces ensembles précaires auto-construits au pied des remparts. Gültan Kışanak, lors de son passage à Rennes, a visité l’exposition photographique que les AKB présentaient sur ce quartier au carré Lully de l’Opéra de Rennes. “Ben û Sen sera bientôt plus connu que Diyarbakır” s’est écriée la co-maire de Diyarbakır, dans un éclat de rire admiratif pour la qualité artistique des photographies et pour le regard qu’elles portent sur de dimension humaine et sociale du quartier. Elle est repartie avec un exemplaire dédicacé par les auteurs du livre “Ben û Sen”, racontant en images le vécu de ce quartier.
“J’ai lancé plusieurs appels au respect des principes démocratiques”
Le 9 octobre dernier, Nathalie Appéré, dans un courrier au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, fait part de sa plus vive inquiétude concernant la situation de Gültan Kışanak emprisonnée depuis le 25 octobre 2016 :
dès l’arrestation de ma collègue, que j’ai rencontrée en décembre 2015, j’ai lancé plusieurs appels au respect des principes démocratiques qui protègent les représentants élus des pouvoirs locaux et rencontré les conseillers de Monsieur Ayrault, alors ministre des Affaires étrangères et du Développement international. […] Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme s’est récemment ému de la situation de la démocratie locale en Turquie tandis que le Conseil de l’Europe a émis une résolution dans le même sens. Ces deux instances questionnent désormais ouvertement les motifs d’arrestation des élus locaux en Turquie.
Au-delà de l’arrestation de la maire de Diyarbakir, Nathalie Appéré fait part de sa préoccupation concernant la situation des habitants de cette capitale régionale, victimes d’une politique de destructions massives :
je constate par ailleurs que les problématiques d’aménagement de la ville sur lesquelles Rennes et Diyarbakir ont étroitement collaboré, avec le soutien du Ministère français des Affaires étrangères et de l’Agence française de Développement, restent d’actualité : les populations du centre-ville de Diyarbakir semblent déplacées et certains bâtiments classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en partie détruits. Autant d’éléments qui contribuent à susciter mon inquiétude pour une ville et des équipes avec lesquelles Rennes travaille depuis 1979.
D’autre part, Nathalie Appéré est sollicitée pour parrainée officiellement Gültan Kışanak et Firat Anli, co-maires de la ville métropolitaine de Diyarbakir, injustement destitués et incarcérés depuis douze mois passés.
André Métayer