Les 8 Kurdes, parmi lesquels Riza Altun et Firat, qui sont passés, en appel, devant la Chambre de l’Instruction, ont été remis en liberté (sous contrôle judicaire, ce qui est la procédure normale). Le cas des 7 autres doit être examiné mardi et il serait étonnant que la décision soit différente.
Qui sont donc ces dangereux “terroristes” accusés “d’association de malfaiteurs, de blanchiment d’argent en relation avec une entreprise terroriste” et de “financement du terrorisme”, interpellés les 5 et 6 février à grand fracas de publicité, aux termes de perquisitions aux méthodes contestables dans des locaux associatifs, mis en examen et incarcérés depuis le 9 février ?
“Ce qui a frappé la Cour (d’appel), c’est que nous avons démontré que les autorités françaises entretenaient des relations suivies entre 2000 et 2006 avec nos clients, tolérant ainsi leurs collectes (d’argent), et qu’on ne voyait pas comment elles auraient pu fermer les yeux sur les infractions dont on les accuse”, ont déclaré à l’AFP Mes Antoine Comte, Jean-Louis Malterre et Sylvie Boitel.
De son coté, la DST n’a pas nié les contacts qu’elle entretient avec ces militants de la cause kurde.
Dès le 10 février, lors de notre assemblée générale, nous nous étions associés au communiqué du Collectif Méditerranéen pour le Respect des Droits de l’Homme en Turquie qui s’élevait contre l’assimilation quasi systématiquement faite entre militants kurdes et terroristes par la presse et les politiques, en rappelant que le peuple kurde, minorité de Turquie, lutte pour le respect de ses droits les plus fondamentaux, lesquels sont bafoués quotidiennement en Turquie.
Aujourd’hui même deux responsables du principal parti pro-kurde de Turquie ont été arrêtés et écroués pour “soutien aux rebelles kurdes” et pour des “propos sur l’éventualité d’une action militaire turque en Irak du nord” : il s’agit de Ibrahim Sunkur, chef provincial du Parti pour une société démocratique (DTP) à Van et de Hilmi Aydogdu, chef local du DTP à Diyarbakir.
Tout en nous réjouissant de cette remise en liberté, à Paris, des militants de la cause kurde, nous nous perdons en conjecture sur les motifs de ces manœuvres dilatoires d’une diplomatie dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle manque de lisibilité.
Quel gâchis !
André Métayer