Qui a tué nos amies Rojbin, Sakine, Leyla ? Elles militaient dans un même élan et pour la défense des droits du peuple kurde et pour la défense des droits des femmes, les uns et les autres si souvent bafoués. Manuels Vals, ministre de l’Intérieur du gouvernement français, a promis que toute la lumière sera faite sur ce triple assassinat commis en plein centre de Paris. « Soyez assurés de la détermination des autorités françaises », a-t-il dit à la presse et nous n’avons aucune raison d’en douter : il y va de l’intérêt et de l’honneur de la France et de sa justice si sourcilleuse de son indépendance.
Nous respectons le secret de l’instruction mais le silence des autorités judiciaires françaises crée des impatiences : le 21 janvier dernier la conférence de presse de François Molins, procureur de Paris, a laissé entendre que toutes les pistes restaient ouvertes quant aux motifs de ce triple assassinat, ce qui a autorisé des supputations les plus diverses.
Querelle interne au sein du PKK ? Seul, le gouvernement turc feint d’y croire
Le tueur présumé, mis en examen par le procureur de Paris et écroué, aurait déclaré appartenir depuis deux ans au PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, entrainant un vigoureux démenti de la part de l’organisation visée et un scepticisme général de la part de tous les observateurs : « la possibilité d’un règlement de comptes interne entre Kurdes – évoquée surtout par la presse turque, d’ailleurs – est à écarter. On a appris que Sakine Cansiz s’était rendue sur les bases du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More au Kurdistan irakien, il y a quelques mois, et je vous assure que l’éliminer là-bas serait passé comme une lettre à la poste. Elle était sur la même ligne qu’Öcalan et était surtout là ces dernières années pour porter le Mouvement des femmes kurdes en Europe» (Rusen Werdi).
La famille du tueur présumé, connue en Turquie pour ses sympathies avec les mouvements ultra-nationalistes d’extrême-droite, dément elle aussi une quelconque connivence avec le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, mais il en faut plus pour que le gouvernement turc cesse de faire croire à une querelle interne au sein du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More. Suprême habilité, il vient de demander au Parquet d’Ankara d’ouvrir une enquête, dans le cadre de la loi antiterroriste, concernant ce tueur présumé et ses liens en Turquie.
Les services secrets turcs (MIT) sur la sellette
Selon la presse turque, en effet, le tueur présumé aurait effectué plus de dix séjours en Turquie ces dernières années. Une dernière visite aurait été effectuée en décembre pour un séjour de trois jours à Ankara dans un hôtel du centre-ville, soit quelques semaines avant l’assassinat des trois militantes kurdes. Son oncle, cité par le quotidien du soir Aksam (de tendance laïque et libérale), prétend que son neveu aurait déclaré qu’il n’est pas l’auteur de ces meurtres, que les images vidéo auraient été falsifiées et qu’il était accompagné, le soir du triple assassinat, de deux autres personnes dont il aurait donné le nom à la police et qui seraient entrées avec lui dans le bâtiment. Et d’ajouter : « la vie de mon neveu est menacée. Nous avons peur qu’il soit tué dans la prison ou exécuté dehors, s’il est libéré, dans des conditions obscures ». D’autre part, dans une interview réalisée par le journal Özgür Politika et la chaine de télévision kurde Nuce TV, un “ex” du MITOrganisation du renseignement national (Millî İstihbarat Teşkilatı), services secrets turcs. More affirme que le tueur présumé est un agent qui travaille pour celui-ci.
Ainsi que les milieux ultranationalistes turcs et les puissances étrangères…
“L’Etat profond”, nébuleuse pour désigner des réseaux divers d’activistes d’extrême-droite, de militaires nationalistes, de magistrats et policiers kémalistes, de mafieux et de barbouzes en tous genres, est également suspecté, d’autant plus qu’il a été, durant des années, le fer de lance des gouvernements successifs dans la répression anti kurde et l’exécuteur de basses œuvres (enlèvements, tortures, disparitions) et de coups tordus (désinformations, faux attentats). Dans cette hypothèse, le choix de Paris ne serait non plus anodin : « La France, en raison de sa position sur la question de la reconnaissance du génocide des Arméniens et de sa sympathie supposée envers les Kurdes, est considérée comme “antiturque” dans ces milieux ultra-nationalistes. L’exemple de Mehmet Ali Agca, auteur de l’attentat contre le pape en 1981, nous rappelle combien ces extrémistes aguerris et leurs commanditaires sont passés maîtres dans l’art de brouiller les pistes » rappelle Kendal Nezan, président de l’Institut kurde de Paris. Mais si cette piste devait se confirmer, elle indiquerait, d’après Jean Marcou (IFEA), que le gouvernement turc maîtrise mal les activités d’un appareil d’Etat qu’il est sensé tenir en main : « ceci serait particulièrement grave et bien sûr du plus mauvais effet ». Les pistes iranienne et syrienne sont aussi évoquées, ces deux pays ayant des motifs de vouloir déstabiliser la Turquie, en tant que puissance régionale.
« Mon neveu est atteint d’une tumeur au cerveau »
«Mon neveu est malade, il a une tumeur au cerveau, il ne se souvient même pas de ce qu’il a fait une heure auparavant » dit encore l’oncle du tueur présumé, avançant ainsi une défense qui pourrait satisfaire bien du monde et permettrait d’enterrer l’affaire. La journaliste Orsola Casagrande, du Manifesto (quotidien italien de gauche), spécialiste des questions irlandaise et kurde, auteur de nombreux articles et de films dont l’un sur la guerre anglo-irlandaise et un autre sur le conflit dans le sud-est de la Turquie, n’hésite pas à parler de “crime parfait” en évoquant l’assassinat des trois militantes kurdes et à mettre en parallèle le cas du tueur présumé de ce triple meurtre avec celui du policier de la RUC (Royal Ulster Constabulary, la police d’Irlande du Nord), pour son rôle joué en 1992 dans la fusillade mortelle au siège du Sinn Fein à Belfast et celui du meurtrier du journaliste arménien Hrant Dink, tué le 19 janvier 2007 à Istanbul devant le siège du journal Agos dont il était le directeur. L’agent de la RUC est entré dans le bureau du Sinn Féin, au cœur du Belfast républicain, dans le quartier super sécurisé de Falls Road, a tué Patrick Loughran, Pat McBride et Michael O’Dwyer et a quitté le quartier sans être arrêté aux check points, avant d’être retrouvé “suicidé” avec l’arme du crime. La Royal Ulster Constabulary, qui reconnut avoir eu vent des troubles psychologiques dont souffrait prétendument l’agent de la RUC, fut blâmée pour sa négligence. L’affaire en resta là, nul ne s’interrogeant sur l’existence d’éventuels commanditaires. Quant à l’affaire Dink, La justice turque a condamné en juillet 2011 à une lourde peine de prison le tueur, un lampiste, un chômeur nationaliste de 17 ans au moment des faits, mais a jugé, en janvier 2012, qu’il n’y avait « aucune organisation derrière l’assassin de Dink ».
Les Kurdes ont besoin de vérité et de justice
«Ce qui est typique dans ce genre de crime, conclut Orsola Casagrande, est que le tueur est vite identifié mais que le commanditaire reste inconnu : dans le cas de Hrant Dink ou dans celui du Sinn Féin, l’assassin est le seul responsable de ces meurtres ».
Pour le cas du triple meurtre de Paris, l’insistance du gouvernement turc pour indiquer un conflit interne au sein du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More comme étant seule ligne de recherche est d’autant plus inquiétante que Paris semble tout faire pour être agréable à Ankara. Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, qui a tant insisté sur les désaccords qui existeraient au sein du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, est, à peine arrivé à Paris pour une rencontre avec son homologue français Laurent Fabius, qu’on apprend l’arrestation d’une quinzaine de Kurdes à Bordeaux et Toulouse, dans le cadre d’une enquête visant les activités politiques de la communauté kurde. Cette concomitance devenue une insupportable habitude ponctuant les relations commerciales et diplomatiques entre les deux pays nous interpelle et nous fait craindre le pire alors que les négociations ouvertes entre le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More et le gouvernement turc devraient être fermement encouragées.
Qui a tué nos amies Rojbin, Sakine, Leyla ? Manuels Vals, ministre de l’Intérieur a promis que toute la lumière sera faite. Il y va de l’intérêt et de l’honneur de la France que la justice fasse diligence dans la transparence et en toute indépendance.
André Métayer