Une délégation des Amitiés kurdes de Bretagne qui vient de terminer sa mission au camp de réfugiés yézidis à Diyarbakir poursuit sa route au Kurdistan d’Irak (BaşûrKurdistan méridional (Kurdistan d’Iraq), divisé en deux zones : le Gouvernement régional kurde, quasi-indépendant ; les territoires contestés, occupés et administrés par l'Etat irakien. More) à la rencontre de cette population kurde minoritaire durement éprouvée, de religion non musulmane, les Yézidis. Elle est allée rencontrer les déplacés yézidis dans le camp de Sharia, proche de Duhok, pour une première prise de contact.
André Métayer
“Pour nous, toutes les solutions sont mauvaises”
Ce camp situé à 10 km de Duhok, construit en 2014 dans la plaine, est nettement moins élaboré, nettement plus inconfortable et précaire que celui de Fidanlik. Les différentes personnes que nous avons eu l’occasion de rencontrer portaient toutes la même parole : « nous ne rentrerons pas vivre à Shengal sans de sérieuses garanties de protection de la part de la communauté internationale. Nous ne pouvons plus vivre entourés d’Arabes qui veulent notre mort. » Le ressentiment envers la communauté sunnite est très fort : « aucun pardon n’est possible. » nous a-t-on précisé. Le plus urgent pour eux est d’obtenir la libération de leurs proches encore détenus par « Daech ». Nous avons rencontré Sani Ravo Murad, une femme de 70 ans qui a été l’otage de « Daech » pendant une année entière et libérée soudainement. Dans l’ensemble, les Yézidis se plaignent de l’immobilisme de la communauté internationale et de leurs conditions de vie ici : « les tickets de rationnement sont de moins en moins nombreux. Parfois, les tickets que l’on nous donne sont déjà périmés. » Quelques écoles sont ouvertes mais de nombreux enfants n’y ont pas accès. Les journées se passent alors à jouer au foot, à traîner dans les champs de poussière… Ils imaginent l’avenir avec un pessimisme avoué : «pour nous, toutes les solutions sont mauvaises : partir à l’étranger, rester en Irak, revenir à Shengal… » Notre délégation espère pouvoir approfondir ces différents sujets pendant la semaine à venir.
Elie Guillou