Bonjour mes amis, mon père a été libéré aujourd’hui à cause de sa santé. Merci à tous pour votre soutien, j’espère que les autres prisonniers sortiront aussi :
ce tweet envoyé par la fille d’Abdullah Demirbaş, l’ancien maire de Sur, l’arrondissement central de la ville métropolitaine de Diyarbakir, a été reçu par tous avec un immense soulagement.
Comme en 2010, il a été libéré pour raisons médicales après une intense mobilisation nationale et internationale : Abdullah Demirbaş souffre en effet d’une très grave maladie cardiaque, une thrombose veineuse profonde (TVP), nécessitant des soins médicaux journaliers incompatibles avec une incarcération.
Abdullah Demirbaş a été élu maire en 2004, destitué en 2007 pour avoir adopté le multilinguisme et proposé les documents administratifs en plusieurs langues (turc, kurde, syriaque et arménien), réélu triomphalement en 2009, incarcéré en décembre de la même année, libéré pour raison médicales en mai 2010, toujours aux prises avec plusieurs procès, risquant la somme cumulée de 480 années de prison. Le turnover imposé à tous les élus kurdes a fait qu’Abdullah Demirbaş ne s’est pas représenté à la mairie de Sur lors des dernières élections municipales et a été de nouveau arrêté en août 2015 et incarcéré à la prison de type D (haute sécurité) de Diyarbakır. Les charges contre lui n’ont pas été rendues publiques et même ses avocats n’ont pas eu accès à cette information.
Les délégations des Amitiés kurdes de Bretagne, qu’il a reçues à plusieurs reprises dans sa mairie à Diyarbakir, ne sont pas prêtes d’oublier ce contact :
il y a des rencontres qui suscitent l’émotion et qui témoignent de la grandeur de l’être humain. Les rencontres avec Abdullah Demirbaş en sont de celles-là, avec une telle personnalité si humaine, juste et visionnaire, à la stature d’un grand homme d’Etat… De sa personne, de ses paroles émanent une hauteur de vue et une humanité bouleversante Au de là des paroles rayonne, telle une chaleur envahissante, cet immense espoir de résoudre par la paix la question kurde.
Abdullah Demirbaş est venu aussi à Rennes en mai 2012 pour apporter le soutien de la ville de Diyarbakir au concert organisé par les associations Amara – Maison du Peuple kurde de Rennes et Amitiés kurdes de Bretagne en faveur des enfants de Ben û Sen (quartier bidonville de Diyarbakir). Il a été reçu par Daniel Delaveau, maire de Rennes et a rencontré nombre d’élus municipaux et responsables politiques et associatifs, auprès desquels il a su faire passer son message de façon originale et percutante :
si vous enfermez un adorable matou dans le coin d’une pièce en ne lui laissant aucune possibilité de s’échapper, il devient un animal agressif qui, toutes griffes dehors, va vous attaquer. Qui est alors responsable de cette agressivité ? Le chat ou celui qui l’a mis dans cette situation sans issue ? le peuple kurde est un peuple pacifique qui souhaite vivre en paix avec tous ses voisins et à commencer avec le peuple turc, avec lequel il a créé la République de Turquie, mais il a droit à l’existence, comme tous les autres peuples de la terre, et si ce droit lui est refusé, si le droit de se défendre politiquement lui est interdit, qui est alors l’agresseur ? Le peuple kurde poussé à la lutte armée ou celui qui le met dans une impasse ?
André Métayer