Dix ouvriers du bâtiment ont trouvé la mort samedi dernier à Istanbul, dans un terrible accident de chantier de construction. Cette catastrophe survient après celle de Soma qui avait tué en mai dernier 301 mineurs. L’émotion suscitée par ce nouvel accident du travail a tourné au procès du nouveau président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, qui dirige le pays sans partage depuis 2003.
A l’appel des principaux syndicats de gauche, un millier de personnes se sont rassemblées dimanche après-midi à proximité du chantier pour dénoncer des manquements aux mesures de sécurité qui, à l’évidence, sont à l’origine de l’accident : “Ceci n’est pas un accident, ce n’est pas un hasard, c’est un meurtre !”, a scandé pendant de longues minutes la foule brandissant des pancartes avec le nom des victimes.
La réponse du gouvernement, dirigé par l’ancien ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, l’ami des chancelleries européennes, ne s’est pas fait attendre : la police turque antiémeute chargée de disperser cette manifestation l’a fait sans ménagement. A l’emploi des gaz lacrymogènes et des canons à eau les manifestants ont riposté par des jets de bouteilles et de pierres.
Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), la Turquie se situe au troisième rang mondial pour le taux de mortalité sur les lieux de travail.
André Métayer