Deux militants bien connus des amis du peuple kurde et du milieu associatif, Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) et Vedat Bingöl, ancien co-président, ont vu leurs avoirs gelés sur décision conjointe des ministères de l’Economie et de l’Intérieur. Agit et Vedat ont également reçu des menaces de mort. Troublante coïncidence, ceci intervient alors que Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, revient d’Ankara où il s’est rendu le 13 juin pour s’entretenir avec son homologue turc Mevlüt Çavusoglu et alors que les services secrets turcs (MITOrganisation du renseignement national (Millî İstihbarat Teşkilatı), services secrets turcs. More) n’ont jamais été aussi actifs en Europe. Ils sont très actifs en France aussi, notamment à Lyon, Marseille et Strasbourg, via les consulats turcs, sous la houlette de l’ambassadeur de Turquie en France, Ismail Hakki Musa, qui était directeur adjoint du MITOrganisation du renseignement national (Millî İstihbarat Teşkilatı), services secrets turcs. More lors de l’assassinat de Rojbîn, Sakine et Leyla en 2013.
Troublante coïncidence, ceci se passe au moment où la justice décide d’ouvrir une information judiciaire sur l’implication du MIT dans l’assassinat des militantes kurdes. Troublante coïncidence, ceci se passe au moment de l’affaire Tuna Altinel, un maître de conférences à l’Université de Lyon, arrêté en Turquie et détenu depuis le 10 mai dernier pour “propagande en faveur d’une organisation terroriste” au motif qu’il aurait participé à une réunion organisée tout-à-fait légalement à Lyon par les Amitiés kurdes de Lyon et Rhône-
Ce n’est pas la première fois que des militants kurdes résidant sur le sol français font les frais de rapprochements entre Paris et Ankara, notamment quand il est question de coopération sécuritaire. Selahattin Demirtas, l’opposant à Erdoğan aux élections présidentielles, actuellement incarcéré, dira de l’assassinat des trois femmes kurdes :
ce meurtre a donné aux services français un moyen de pression sur la Turquie. Ils ont ensuite laissé ce dossier dans l’ombre en échange de contreparties sécuritaires. C’est une politique hypocrite et sans vision d’avenir.
Il est de notre devoir d’alerter nos adhérents et tous les sympathisants de la cause kurde, les élus de notre pays, la presse et l’opinion publique, du danger qui menace nos amis kurdes. Il est de notre devoir de rappeler au gouvernement français ses responsabilités en matière de protection des personnes. Nous ne supportons pas que des crimes politiques puissent être perpétrés sur notre sol.
Nous renouvelons à Agit et à Vedat notre confiance dans la façon dont ils conduisent le combat politique pour une alternative démocratique, basée sur le progrès social, l’émancipation des femmes et l’égalité ethnique et religieuse. Nous les assurons de notre amitié et de notre solidarité.
André Métayer