Nathalie Clayer, directrice du CETOBAC (Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques), directrice de recherche au CNRS et directrice d’études cumulante à l’EHESS, relaye l’appel à la solidarité avec les universitaires pour la Paix en Turquie : les premières audiences ont lieu le 5 décembre 2017 à 9h00 au Palais de Justice de Çağlayan (Istanbul). Nous, les signataires de la Pétition pour la paix, avons à la fois subi des pressions de toute sorte et bénéficié de nombreuses formes de solidarité depuis le jour où nous avons déclaré que “nous ne serons pas complices de ce crime!”
A ce jour, ce sont plus de 500 parmi nous qui ont été séparé-e-s de leurs institutions, de leurs étudiant-e-s, suite à des limogeages par des décret-loi, des licenciements, des démissions ou des départs forcés à la retraite. Quatre de nos camarades ont passé des semaines en prison. Nous sommes au seuil d’une nouvelle phase. Les signataires de la Pétition pour la paix du 11 janvier 2016 sont traduits devant la justice dans des procès individuels avec le même chef d’accusation, faire la propagande de la terreur (l’article 7/2 du code pénal turc), et encourent des peines allant jusqu’à 7,5 ans d’emprisonnement.
Une première vague de procès individuels contre nos camarades des Universités d’İstanbul et de Galatasaray a été suivie de convocations ciblant certains collègues des Universités Marmara, Yıldız Teknik, İstanbul Teknik, Özyeğin et Kemerburgaz. Rien ne dit quelle sera la prochaine étape. Les procès, tous séparés, sont néanmoins ouverts avec le même acte d’accusation préparé suivant la méthode du copié-collé. Les audiences sont éparpillées entre plusieurs cours pénales, avec dix minutes de séparation de façon à empêcher les signataires de se rejoindre. Les convocations ne concernent pour le moment que dix pour cent des signataires, mais les audiences s’étalent déjà sur la période du décembre 2017 en avril 2018!
Le soutien de membres sensibles des universités et autres institutions, tant en Turquie qu’à l’étranger, a été important pour nous. Ce soutien est encore davantage nécessaire dans cette nouvelle phase où nous savons parfaitement bien que ce ne soit pas nous en tant qu’individus, mais notre demande de paix et de liberté d’expression de la science qui est jugée.
Nous espérons continuer cette solide coopération, et souhaitons la présence d’observateurs assurant la transparence des informations diffusées lors du marathon judiciaire qui commencera le 5 décembre 2017.
En tant que citoyens de ce pays, nous continuerons à soutenir la vie, exiger la paix, combattre les injustices.
Nous resterons solidaires!
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