Depuis le 14 avril 2022, le président dictateur Recep Tayyip Erdoğan mène une opération militaire dans plusieurs régions du Bashûr (Kurdistan d’Irak), avec l’objectif principal de frapper les forces du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More). Cette campagne militaire s’inscrit en outre dans le projet turc de reconstitution des frontières de l’empire ottoman à travers l’annexion des territoires kurdes du nord de l’Irak,
déclare Le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) qui appelle à manifester ce samedi 11 juin.
De même, au mépris total du droit international et de la souveraineté nationale des pays voisins, Erdoğan poursuit l’occupation du nord de la Syrie – la région du RojavaKurdistan occidental (Kurdistan de Syrie), divisé en trois cantons : Cizirê (le canton le plus peuplé comprenant notamment la ville de Qamişlo), Kobanê et Efrin. More – en s’appuyant sur des milices supplétives comme le fait Vladimir Poutine avec les bataillons Wagner en Ukraine mais aussi au Mali. Poutine essaie de décrédibiliser la résistance ukrainienne en la traitant de “nazie”, Erdoğan fait de même avec les Kurdes en les traitant de “terroristes”.
La position géographique de la Turquie permet à Erdoğan de tirer profit de cette guerre en Ukraine en jouant comme toujours un double jeu, se présentant comme un médiateur mais voulant avant tout poursuivre sa politique d’éradication de toute opposition, à commencer par celle des Kurdes.
Méprisant les remontrances, bien trop timides il est vrai, du Parlement européen critiquant la dégradation de l’Etat de droit en Turquie, il les écarte d’un revers de manche, les traitant de “nulles et non avenues” et, en tant que membre de l’Otan, il n’hésite pas à mettre son véto à l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’alliance atlantique au motif que ces deux pays scandinaves ont accordé l’asile politique à des opposants kurdes, qualifiés, bien entendu, de “terroristes”.
En Turquie, la répression continue
Des milliers de détenus politiques croupissent dans l’opacité des geôles turques. Seules quelques lettres de la prison d’Elazig sont parvenues jusqu’à nous et décrivent le quotidien sordide des détenues en butte à la surpopulation et aux mauvais traitements. Les punitions pleuvent pour briser leur moral. Il est important de continuer la campagne “cartes postales et stylos bille”.
La répression continue. Aux dernières nouvelles, 16 journalistes ont été ce 8 juin interpellés à Diyarbakir et placés en garde à vue : ils et elles sont coprésidents de l’association de journalistes Dicle-Firat (DFG), rédactrices de l’agence de presse féminine JinNews, rédacteur et journalistes de l’agence de presse Mezopotamya. Cette vague d’arrestations survient quelques jours après celle de la journaliste kurde Dicle Müftüoglu, coprésidente de DFG. Dicle Müftüoglu était depuis longtemps dans le collimateur du système répressif turc. Fin 2020, elle avait été condamnée à un an et trois mois de prison pour avoir partagé sur les réseaux sociaux une photo prise en 2014 à Kobanê, au cours des affrontements entre les forces kurdes et l’État islamique. À l’époque, elle était rédactrice en chef de l’agence de presse DIHA, interdite depuis.
La Turquie occupe la 149ème place sur 180 dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Appel à manifester du CDK-F
Nous appelons toutes les personnes solidaires du peuple kurde à manifester, où qu’elles se trouvent, le 11 juin 2022, par n’importe quel moyen pacifique, pour dénoncer la politique impérialiste et répressive de l’Etat turc. Nous appelons aussi à défendre le processus révolutionnaire initié au Kurdistan, dont le paradigme repose sur la libération des femmes, la démocratie directe et un mode de vie écologique, comme expressions d’une société libre. Une révolution sociale dans tous les aspects de la vie, qui aspire à éradiquer la mentalité patriarcale, capitaliste et coloniale des sociétés et qui est devenue une source d’inspiration pour de nombreux mouvements en lutte pour la libération et le droit à l’autodétermination des peuples.
Des manifestations sont prévues le 11 juin à Rennes, Marseille, Montpelier, Paris, Toulouse.
A Rennes : rendez-vous devant le cinéma Gaumont, esplanade Charles-de-Gaulle à 13h le samedi 11 juin.
André Métayer