Depuis le 22 février 2016, des milliers de Kurdes venus de toute l’Europe, soutenus par divers groupes de solidarité, sont rassemblés devant le palais de l’Europe à Strasbourg, où siège le Conseil de l’Europe, dont l’un des 47 Etats membres est la Turquie. Ils sont venus dans le but d’attirer l’attention des institutions européennes et des gouvernements respectifs sur les massacres perpétrés au Kurdistan par l’Etat turc. Les rapports publiés par Amnesty International, Human Rights Watch et l’Association des Droits de l’Homme de Turquie, les informations recueillies sur place par les élus kurdes, leurs appels, les observations de journalistes indépendants (ainsi que celles de membres des Amitiés kurdes de Bretagne) font état d’actes de guerre commis contre les civils par les autorités turques dans plusieurs villes du Kurdistan, sous prétexte de lutter contre le terrorisme. Ils dénoncent des violations massives des droits et libertés fondamentaux, en particulier du droit à la vie, qui constituent pour les populations une menace grave et imminente.
L’Etat turc veut écraser la démocratie
Le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) dénonce avec force le sort réservé aux populations qui s’opposent à un régime totalitaire qui doit être dénoncé et combattu : au cours des quatre derniers mois, une vingtaine de villes kurdes dont la population avait exprimé la volonté de s’autogérer ont été placées sous couvre-feu, assiégées et bombardées par les forces armées turques. A ce jour, près de 600 civils ont été tués et des centaines d’autres blessés dans cette campagne militaire brutale dont le but est de raser de la carte les villes visées.
Les couvre-feux ont affecté 1,3 millions d’habitants et jeté des centaines de milliers de personnes sur la route de l’exil. Les bombardements ont par ailleurs entraîné la destruction de milliers d’habitations, de lieux de prière et de sites historiques (surtout dans le district de Sur, centre historique de la ville de Diyarbakir dont plusieurs sites sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO). Cet acharnement contre les Kurdes s’explique par le fait que l’Etat turc rejette toute idée d’autonomie démocratique à l’intérieur de ses frontières, de même qu’il ne tolère en aucune façon l’existence d’une région autogérée au RojavaKurdistan occidental (Kurdistan de Syrie), divisé en trois cantons : Cizirê (le canton le plus peuplé comprenant notamment la ville de Qamişlo), Kobanê et Efrin. More (Kurdistan de Syrie).
La Turquie doit être traduite en justice pour crimes de guerre
Le CDK-F condamne fermement ces massacres planifiés par le gouvernement d’Ankara et met les institutions européennes et les gouvernements européens, dont il pointe l’attitude permissive, en demeure d’agir : la Turquie étant membre fondateur du Conseil de l’Europe, partie à la Convention européenne des Droit de l’Homme et candidate de longue date à l’adhésion à l’Union européenne, il est inadmissible que nos gouvernements et nos institutions n’agissent pas pour mettre fin à ces graves violations des droits de l’homme qui constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Nous appelons l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des Droits de l’Homme à prendre les mesures qui s’imposent pour sanctionner l’Etat turc, l’amener à cesser ses opérations militaires contre les Kurdes et à respecter ses engagements en matière de droits humains.
Nous demandons la création d’un tribunal spécial pour enquêter sur les violations des droits humains et du droit de la guerre, pour juger et condamner les responsables de ces crimes.
Nous appelons les institutions précitées à contribuer à une solution politique et durable de la question kurde qui concerne, au-delà des quatre Etats qui se partagent le Kurdistan, tout le Moyen-Orient.
André Métayer