Sept des dix militants kurdes interpellés vendredi 26 février[[Sur les 8 kurdes interpellés à Marseille, trois avaient déjà été relâchés au cours du week-end.]] à Marseille, Montpellier, Draguignan et Grenoble, ont été transférés à Paris dans le cadre de l’enquête confiée à la Sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire ; après 96 heures de garde à vue ils ont été présentés au parquet et placés en détention provisoire par un juge des libertés et de la détention qui a suivi les réquisitions du Parquet ; ils sont répartis, loin de leur famille, dans différentes prisons de la région parisienne[[Maisons d’arrêt de La Santé, de Fleury-Mérogis (pour hommes ) et de Fleury-Mérogis (pour femmes).]]. Les avocats ont décidé de faire appel.
L’interpellation de ces militants kurdes a soulevé une réaction indignée : familles kurdes en tête, accompagnées d’élus communistes et de militants associatifs (“Solidarité et Liberté”, Jeunesses communistes, MRAP, LDH, CIMADE…), ce sont 1 000 personnes à Marseille et 200 à Montpellier qui ont défilé samedi pour dénoncer la chasse aux Kurdes en criant : ça suffit, non à l’Etat policier et libérez nos camarades ; une conférence de presse a été organisée ce dimanche, au Mas Razal en Aveyron, accusé d’être un camp d’entrainement du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More. L’accusation est comique quand on sait que le hameau jouxte le camp militaire du Larzac : même les gendarmes de la Cavalerie, qui viennent régulièrement boire le café au Mas Razal, démentent, ce qui n’empêche pas les “milieux proches de l’enquête” de distiller des “informations” reprises par une certaine presse complaisante :
La bergerie abritait des terroristes kurdes. La police antiterroriste a perquisitionné, hier, une propriété où s’entraînaient des recrues du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More titre sans retenue la Dépêche du Midi avant d’ajouter benoitement, en fin d’article :
En Aveyron, les autorités ont souvenir que le Larzac aitAntifascist Internationalist Tabur, brigade internationale opérant au Rojava. More accueilli des réunions – vraisemblablement militantes, mais l’hypothèse du ‘camp d’entraînement’ ne s’est jamais vérifiée.
Elle aurait pu ajouter que la police avait déjà, en avril 2007 à Paris et en janvier 2009 à Marseille, perquisitionné des locaux associatifs kurdes et interpellé de soi-disant terroristes kurdes ; et qu’en dépit de plusieurs mois d’incarcération ils avaient été remis en liberté sans qu’aucune charge n’aitAntifascist Internationalist Tabur, brigade internationale opérant au Rojava. More été retenue contre eux[[Source : Ligue des Droits de l’Homme (LDH).]].
La presse professionnelle se doit de vérifier les informations, de les travailler et d’en livrer une analyse critique à ses lecteurs. Elle a tout intérêt à ne pas s’abaisser à reproduire sans discernement des arguments de propagande… tels qu’on peut par exemple les trouver sur le site nationaliste turc “Turquie News” qui titre
Terrorisme : 11 membres du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More interpellés en France et conclut :
le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More est considéré comme une organisation terroriste par la communauté internationale. Les attentats de l’organisation séparatiste ont causé la mort de quelque 45 000 personnes depuis 1984, début des attentats du groupe terroriste qui vise à instaurer un Etat indépendant kurde dans le sud-est de la Turquie.
Redisons avec force que le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More n’est pas une organisation terroriste (son inscription sur la fameuse liste des dites organisations n’a aucune valeur juridique) mais un mouvement de résistance armée qui observe, depuis juin 2008, une trêve unilatérale dont la presse ne dit mot ; que les 45 000 victimes de la guerre sont avant tout l’œuvre de l’armée turque ; que le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More n’est pas une organisation séparatiste car il ne remet pas en cause les frontières existantes de la Turquie mais demande seulement des droits culturels et politiques pour les Kurdes dans le cadre d’une république “démocratique”, ce qui n’est pas le cas de la République turque d’aujourd’hui.
La guerre ouverte que se livrent en Turquie islamo-conservateurs et ultra-nationalistes, révèle peu à peu, par presse nationale interposée, les exactions commises par l’un et l’autre camp, exactions qui étaient jusqu’à lors “généreusement” attribuées au PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More.
André Métayer