Attentat à Ankara : “nous sommes confrontés à un Etat meurtrier ” (Selahattin Demirtaş)

Plusieurs syndicats de gauche – KESK (fonction publique), DISK – ainsi que l’association des médecins (TTB) et le parti de la démocratie des peuples (HDP) avaient appelé à une manifestation pour la paix le samedi 10 octobre. Quelques minutes avant le départ du cortège, une bombe a explosé sur le lieu où les militants du HDP étaient rassemblés, près de la gare centrale, faisant au moins 86 morts et 186 blessés selon le ministre de la santé, Mehmet Muezzinoglu.

Il est tout a fait étonnant que les forces de police aient été totalement absentes à ce moment précis en ce lieu stratégique et tout a fait inadmissible qu’arrivant au pas de charge, un quart d’heure plus tard, elles commencent par s’en prendre à coup de bombes lacrymogènes aux manifestants secourant les blessés et évacuant les morts.

C’est exactement la répétition, en plus tragique, des scènes qui ont suivi l’attentat de Diyarbakir la veille des élections de juin dernier, qui fit 4 morts et plus de 400 blessés, lors du meeting de Selahattin Demirtas, co président du Parti démocratique des peuples (HDP). Une délégation des Amitiés kurdes de Bretagne qui se trouvait à une centaine de mètres témoignait : “la police a chargé, avec des tirs de gaz lacrymogène, créant une pagaille qui n’a fait que ralentir l’évacuation des blessés”.

“C’est comme à Suruç” (attentat qui a fait 33 morts et une centaine de blessés parmi de jeunes militants socialistes turcs et kurdes venus pour reconstruire Kobanê) a commenté à l’AFP un témoin, Sahin Bulut, membre de l’Association des ingénieurs d’Istanbul, venu de la principale ville de Turquie pour participer à la manifestation.

A ce sujet, comme après l’attentat de Diyarbakir, nous avons dénoncé le fait qu’aucune enquête sérieuse n’ait été menée L’hypothèse d’une manipulation est dans toutes les têtes, Erdoğan et les services secrets turcs sont montrés du doigt, comme ils l’ont été aussi dans d’autres affaires non élucidées, ou le sont aujourd’hui dans l’attentat dont ont été victimes, à Paris, Rojbîn, Sakine et Leyla. L’attentat d’Ankara vient renforcer nos soupçons.

“C’est une attaque barbare qui a été commise. Nous sommes confrontés à un Etat meurtrier qui s’est transformé en mafia” a déclaré Selahattin Demirtaş, qui a également déploré une énième attaque contre les biens et les personnes du parti HDP : c’est le siège d’Ankara qui a été visé ce samedi 10 octobre à 6 heures du matin.

Malgré ce climat d’extrêmes violences dirigées contre le peuple kurde, le PKK a décidé de suspendre ses activités, au motif qu’il ne veut pas donner prétexte au gouvernement d’interdire les opérations de vote dans les régions kurdes. Ce geste demandé par de nombreuses voix en Turquie était aussi attendu par les chancelleries occidentales.

Après cette horrible tuerie, la situation est tendue dans les rues d’Ankara et des manifestations spontanées sont organisées dans de nombreuses villes de Turquie et d’Europe. A Rennes (photo), les Kurdes se sont rassemblés à l’appel du Conseil démocratique kurde de Rennes, pour alerter la population et les élus et leur demander un geste de solidarité.

La Coordination nationale solidarité Kurdistan, dans un communiqué ci-joint, demande à la France de cesser de soutenir “un pouvoir qui plonge la Turquie dans la guerre civile”.

André Métayer

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