Répondant à la question d’un journaliste : “avec R.T. Erdogan, la République est-elle en danger ?” Bernard Revollon, président de l’association des Amis du Peuple kurde en Alsace répond sans hésiter par l’affirmative, soulignant la façon hyper autoritaire du Premier ministre turc de remettre en cause les résultats des élections locales en multipliant les arrestations d’élus et en réprimant toute expression démocratique venant de la société civile. L’option militaire pour faire taire les Kurdes a échoué, des pourparlers de paix sont engagés, mais la pression sur les mouvements démocratiques et les organisations syndicales ne s’est pas relâchée. Concernant les récents évènements de la place Taksim à Istanbul, Bernard Revollon précise :
les décisions prises de manière autoritaire pour abattre les arbres de cette place et du parc Gezi ont été l’élément déclencheur. Les manifestations se sont développées en réaction contre cette façon de procéder, mais aussi en réaction contre les mesures d’islamisation rampante dans un pays qui est officiellement laïc depuis les années 1920. La répression violente des forces de police, ordonnée par R.T. Erdogan, n’est certainement pas de nature à ramener la sérénité en Turquie. Pour toutes ces raisons, on peut dire que R.T. Erdogan constitue un danger pour la République. Mais il n’est pas le seul : il y a aussi les généraux turcs, qui ont fomenté 3 coups d’Etat, en 1960, en 1970 et en 1980, et les forces souterraines de l’Etat profond qui leur sont liées. Ces forces ont commis nombre d’assassinats d’intellectuels ou d’opposants démocrates, en Turquie, et peut-être aussi en Europe. En définitive, ce sont les démocrates turcs de toutes sensibilités et de toutes cultures qu’il faut soutenir, pour que la démocratie s’installe enfin en Turquie, et que la justice sociale puisse s’y développer.
Bernard Revollon nous fait parvenir un communiqué cosigné le 14 juin 2013 par deux associations alsaciennes, Les Amis du Peuple kurde en Alsace et l’Association culturelle de Mésopotamie. Concernant les événements en Turquie :
les Amis du peuple kurde et l’association culturelle de Mésopotamie soutiennent les mouvements démocratiques de Turquie dits “de la place Taksim” pour exiger davantage de démocratie face au régime hyper-autoritaire du Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan. Le gouvernement turc a non seulement une politique autoritariste et répressive antisociale mais, dans la dernière période, il essaye aussi de provoquer une islamisation anti laïque de la société ; par ailleurs, il n’a pas cessé de réprimer les minorités, dont les Kurdes, qui ne font que demander la reconnaissance de leur identité culturelle. La Turquie doit s’engager dans la voie d’une société qui respecte la démocratie, le droit social, les libertés, les identités culturelles, sans aucune répression.
Concernant la France, le communiqué poursuit :
il serait bon que le gouvernement français fasse toute la lumière sur le triple assassinat de militantes kurdes à Paris le 9 janvier 2013 (bien évidemment dans le respect de l’indépendance de la justice), et en rende compte à l’opinion publique ; par ailleurs, il serait bon qu’il ne s’entête pas à vouloir faire adopter par l’Assemblée Nationale le scandaleux accord sécuritaire Guéant-Ministère de l’Intérieur turc de novembre 2011.
Enfin les deux associations condamnent fermement l’assaut brutal de la police anti-émeute turque le matin du 11 juin pour déloger les occupants de la place Taksim :
la répression policière a déjà fait 2 morts dans le pays ; ce sont 2 morts de trop. Il est grand temps que les violences gouvernementales turques, accompagnées d’arrestations inconsidérées, cessent. Toutes les mesures d’islamisation rampantes, contraires à la laïcité officiellement affichée, doivent être abolies. Et le respect de tous les droits, ainsi que le développement social, doivent enfin accompagner le développement économique.