Mehmet Sıddık Akış, le nouveau co-maire de Hakkari, vient d’être condamné à 19 ans et six mois de prison par la 1ère cour d’assises de Hakkari. Deux mois après son élection, Mehmet Sıddık Akış du parti DEM (Parti de la Démocratie et de l’Égalité des Peuples) a été arrêté à Van le 3 juin au matin tandis que la mairie de Hakkari (Colemêrg) était assiégée par la police. Le même jour, le ministère turc de l’intérieur a annoncé qu’Akış était déchu de son mandat et remplacé par un administrateur. Mehmet Siddik Akis est le premier maire kurde destitué depuis les élections municipales du 31 mars. Sa révocation suscite de vives tensions dans le pays, même au parlement où les députés du DEM qui entendent dénoncer la nomination d’un maire de substitution à Hakkari ont été violemment pris à partie par les députés du parti au pouvoir AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More. Une cinquantaine de maires kurdes élus en 2019 avaient été remplacés par des administrateurs (kayyum) nommés par le gouvernement. Seule une pression internationale peut faire reculer Erdoğan, bien décidé à poursuivre sa politique de répression.
L’idylle entre la Bretagne et Hakkari a commencé en 2005
La région de Hakkari, un des bastions de la résistance kurde au cœur du Kurdistan, est située au BakûrKurdistan septentrional (Kurdistan de Turquie). More (en Turquie), frontalière du Başur (en Irak), du Rojhelat (en Iran) et toute proche du RojavaKurdistan occidental (Kurdistan de Syrie), divisé en trois cantons : Cizirê (le canton le plus peuplé comprenant notamment la ville de Qamişlo), Kobanê et Efrin. More (en Syrie). Les AKB allèrent pour la première fois le 20 mars 2005 à Hakkari pour jeter les bases d’un projet de coopération économique et sociale avec un atelier de kilims.
Elles rencontrèrent le maire Metin Tekçe, avec qui le courant passa immédiatement et, le 2 décembre, le maire et les tisseuses de l’atelier ‘’Rengin’’ arrivèrent à Rennes pour une tournée en Bretagne. Metin Tekçe donna trois conférences à Rennes, Brest et Douarnenez sur le thème : « les Kurdes veulent la paix, les Européens ont un rôle à jouer ». Il fut successivement reçu par Edmond Hervé, maire de Rennes, Christian Guyonvarc’h, vice-Président du Conseil régional de Bretagne, Joseph Aubin, représentant le Conseil économique et social régional, Yolande Boyer, sénatrice-maire de Châteaulin, François Cuillandre, maire de Brest et par le Conseil municipal de Douarnenez. Emmanuel Morucci, président de la Maison de l’Europe de Brest lui remettait la bannière étoilée de l’Union européenne, afin qu’elle flotte au fronton de la mairie de Hakkari. Les contacts avec les élus successifs de la mairie de Hakkari ont également perduré après le départ forcé de Metin Tekçe, poursuivi et condamné pour « appartenance à l’organisation terroriste du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More ». Menacé de mort, il fut exfiltré vers la Suisse où il réside actuellement. La situation de Hakkari ne peut nous laisser indifférents.
Libération de Hülya Alökmen Uyanık
Hülya Alökmen Uyanık vient d’être libérée. Hülya Alökmen Uyanık, pour laquelle nous avions lancé une opération « stylo », co-maire de Diyarbakir élue le 31 mars 2019, avait été destituée et mise en détention à la prison d’Elazığ. L’histoire de Hülya Alökmen Uyanık est à la fois singulière et tristement plurielle. Hülya Alökmen Uyanık a travaillé 22 ans comme infirmière dans le service public et, une nuit de 2016, elle apprend qu’elle vient d’être révoquée. Pourquoi ? Ses activités syndicales en sont la cause : responsable de l’antenne de Diyarbakir du syndicat SES, le syndicat des travailleurs de la santé et des services sociaux, affilié au KESK, le syndicat le plus combatif du service public en Turquie, Hülya Alökmen Uyanık était une cible toute désignée. Co-présidente du Parti démocratique des Peuples (HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More) pour la province de Diyarbakir, sa candidature est proposée à la mairie de la métropole de Diyarbakir. Elue brillamment co-maire le 31 mars 2019, Hülya Alökmen Uyanık est démise de ses fonctions avant même de pouvoir s’asseoir dans le fauteuil de maire. Reprenant ses activités au sein du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More, elle est interpellée et mise en détention à Diyarbakir le 30 octobre 2020 pour “propagande et appartenance à une organisation terroriste”.
Jugée le 15 avril 2021 en un procès-éclair, elle est condamnée à 7 ans et 6 mois de prison. Nous avons pu, depuis sa prison d’Elazığ, échanger des courriers dans lesquels transpiraient courage et détermination. Nous apprenons avec soulagement sa libération.
André Métayer