Les organisations syndicales françaises CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires et UNSA suivent avec beaucoup d’inquiétude les dernières évolutions de la situation en Turquie. Elles notent qu’en réponse à la tentative avortée du coup d’Etat du 15 juillet, les autorités turques ont limogé ou suspendu plus de 111 000 fonctionnaires: 48 500 dans l’enseignement et les universités, 22 000 dans la police et 34 000 dans les ministères de la santé, de la justice et de l’intérieur. Plus de 36 000 personnes ont été jetées en prison.
Les CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires et UNSA, qui condamnent avec force ces atteintes graves et répétées à la liberté d’expression et aux droits humains, ont écrit à l’ambassadeur de Turquie à Paris :
les dérives autoritaristes en cours du pouvoir en place contreviennent à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, dont votre pays est signataire. Nous appelons la Turquie au respect de cette Convention du Conseil de l’Europe, pour le règne du droit et de la justice, des valeurs et des principes démocratiques.
Elles ont également interpellé Jean-Marc Ayrault, Ministre des Affaires étrangères, en lui demandant d’agir fermement face à cette situation insupportable : 170 médias ont été fermés, 777 cartes de presse confisquées, 2 500 journalistes licenciés, 105 journalistes mis en prison, portant à 142 le nombre de journalistes détenus. Après cette première vague d’arrestations et de licenciements, la première semaine de novembre a donné lieu à une véritable escalade de la répression tous azimuts, l’arbitraire étant devenu une règle.
Le 29 octobre, jour anniversaire de la République, les autorités limogeaient plus de 10 000 fonctionnaires supplémentaires, annonçaient la fermeture de 15 autres médias et la limitation des droits des avocats. Désormais, les recteurs d’université ne seront pas élus, mais choisis par le président de la République.
Le 31 octobre à l’aube, la police turque faisait une descente aux domiciles de plusieurs journalistes du quotidien d’opposition Cumhuriyet, « La République », et arrêtait neuf d’entre eux.
Le 1er novembre, était nommé un administrateur pour diriger la principale ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie, Diyarbakir, dont les co-maires, accusés d’activités terroristes, avaient été placés en détention deux jours auparavant. Une vingtaine de mairies de la région avaient subi le même sort en septembre.
Le 4 novembre, les co-présidents et plusieurs députés du Parti démocratique des peuples (HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More), ont été placés en détention préventive. Le HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More est le troisième parti à l’Assemblée nationale, ayant obtenu 13 % des voix, soit 6 millions de votes, aux élections de juin 2015.
Les autorités bafouent sciemment la Constitution en vigueur, se livrant à une entreprise de musellement de toute opposition.
Les CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires et UNSA disent tout haut ce que les diplomates susurrent tout bas : l’Etat de droit est en train de disparaître en Turquie, au profit de l’instauration de ce qu’il faut appeler par son nom, une dictature.
André Métayer