Le 11 mai dernier, la justice française réhabilitait les Moudjahidines du Peuple iranien. 8 ans plus tôt, le 24 juin 2003, le ministre français des Affaires étrangères de l’époque, Dominique de Villepin, justifiait une opération policière, particulièrement médiatisée, à l’encontre d’opposants iraniens au régime des Mollahs en ces termes :
La France a agi pour lutter contre le terrorisme en déclenchant une vague d’arrestations contre les Moudjahidines du Peuple iranien installés à Auvers-sur-Oise, près de Paris déclarait-il à France Info, en ajoutant que cette vague d’arrestations était une “décision de justice” et qu’il n’y avait
pas de dimension, ni de prise en compte d’une dimension diplomatique dans cette affaire.
Cette déclaration, la main sur le cœur, est d’une banalité affligeante tant elle se répète encore aujourd’hui, contre, par exemple, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More), sauf que, en l’espèce, des témoins ont révélé les dessous des cartes.
Le 17 juin 2003, 1 300 policiers et gendarmes ont mené, sous la responsabilité du ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy, une opération antiterroriste qui s’est conclue par l’arrestation de 164 personnes dont 20 mises en examen et écrouées.
Mais, deux mois auparavant, un journaliste, Jean-Claude Maurice, directeur du Journal du Dimanche, avait été le témoin inattendu d’un deal passé, à Téhéran, entre les ministres iranien et français des Affaires étrangères, Kamal Kharazz et Dominique de Villepin : “virez-les” dit le premier, “Sarkozy va s’en occuper” assure le second.
La sur-médiatisation, le déploiement excessif de moyens et la brutalité de l’opération suscitent la rancœur de l’ancien directeur de la DST, Yves Bonnet, qui n’a pas digéré l’instrumentalisation du contre-espionnage français : il dit lors de l’émission de Soir 3 du 16 juin dernier :
Monsieur de Villepin a négocié avec son homologue iranien cette opération sans précédent dans les annales de la DST. En contrepartie, il obtiendra des avantages pour certaines sociétés françaises, notamment Total.
Depuis Auvers-sur-Oise, Maryam Radjavi, entourée des cadres de son mouvement, tous blanchis des accusations de terrorisme, demande au gouvernement français de présenter des excuses au peuple iranien et au peuple français.
Avec le non-lieu rendu le 11 mai dernier, la justice reconnaît la légitimité de l’organisation OMPI. L’image de terroriste que la France lui a collée laisse place à celle de résistante.
(Soir 3)
André Métayer