Après la marche silencieuse de samedi dernier à Rennes, Nuray Özdemir, au nom de l’association Amara – Maison du Peuple kurde et du comité “Femmes kurdes de Bretagne”, a tenu à remercier toutes les personnalités, les organisations politiques, les ONG et tous les citoyens qui ont exprimé leur indignation et leur solidarité :
Nous tenons particulièrement à vous remercier car votre soutien est précieux. En marchant aujourd’hui à nos côtés pour la paix, c’est un signe fort de solidarité entre les peuples. Car c’est ensemble que nous arriverons à une démocratie juste pour tous les peuples, pour un vivre ensemble meilleur où chaque être humain aura le droit d’exister.
C’est un crime, politique
C’est le cœur lourd d’émotions que 45 millions de Kurdes souhaitent exprimer aujourd’hui leur frayeur et leur révolte face à une telle barbarie humaine. Il n’y a pas de mot pour décrire l’horreur. Notre douleur est profonde. C’est tout simplement, humainement insupportable. Rojbin, Sakine, Leyla, trois femmes assassinées en raison de leurs convictions pacifistes. Elles militaient pour la paix. Et comme elles, c’est chaque jour que des centaines de Kurdes sont arrêtés, massacrés et assassinés en Turquie. C’est un crime, politique, qui a eu lieu le mercredi 9 janvier, en plein jour sous les caméras de surveillance, dans une des rues les plus fréquentées de Paris. Un crime contre l’Humanité dont tout le monde connait les commanditaires mais que personne ne veut désigner. Un crime contre l’Humanité, sur le territoire du pays des droits de l’homme, alors, ironie du sort ou conséquences des accords signés entre le gouvernement turc et français dans la lutte anti-terroriste ! Conséquences d’une inscription sur une liste noire des organisations terroristes établie par la Turquie et actée par les Etats-Unis et l’Europe, et dans laquelle n’apparaît même pas de définition juridique du mot terroriste” !
Un crime contre la libération de la femme
S’adressant directement aux journalistes, Nuray Özdemir leur a demandé, au nom du comité Femmes kurdes de Bretagne, de ne pas devenir la plume des oppresseurs et d’entendre la voix de celles qui ont sacrifié leur vie pour la libération de leur peuple, mais aussi pour la libération de la femme. Sakine, Rojbin, Leyla étaient ce celles-là :
Sakine, née à Dersim au Kurdistan turc en 1957, fille d’une famille nombreuse, décida à 20 ans de se battre aux côtés d’Abdullah Öcalan et, parce qu’il y a toujours des luttes dans les luttes, disait-elle, elle lança et mena, au sein du combat d’un peuple qui lutte pour exister, celui de la femme qui lutte pour des droits égaux. Le mouvement de libération du peuple kurde, le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, est devenu le cœur de la lutte pour la libération de la femme face aux mentalités féodales. Elle était notre Clara Zetkin, notre Rosa Luxemburg. Le peuple kurde est en deuil encore une fois, mais il continuera à lutter, aujourd’hui plus jamais.
Un hommage sera rendu le 8 mars de chaque année à Rojbin, Sakine, Leyla
Les femmes kurdes de Bretagne ont décidé de rendre hommage, chaque année, à la date du 8 mars, à Sakine Cansiz (Sara), co-fondatrice du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, Fidan Dogan (Rojbin) membre du Congrès national du Kurdistan et directrice du Centre d’information du Kurdistan de Paris et Leyla Saylemez (Ronahi), membre du mouvement de la jeunesse kurde, assassinées à Paris le 9 janvier 2013.
André Métayer