Les Kurdes chérissaient Danielle Mitterrand comme leur mère. Cette militante, qui puisa ses convictions dans la Résistance française à laquelle elle participa dès l’âge de 17 ans, fut, durant toute sa vie, sur tous les fronts, quand il s’agissait de la défense des droits humains, et ce, jusqu’à son dernier souffle : “Le jour où j’arrêterai l’action, c’est que j’aurai baissé le rideau”.
Jamais les Kurdes n’avaient trouvé meilleure avocate, en premier lieu auprès du Président François Mitterrand, mais aussi partout dans le monde, même au péril de sa vie : en juin 1992, elle échappa miraculeusement à un attentat sur la route de Souleimaniyeh, Saddam Hussein n’ayant pas pardonné à la présidente de la Fondation France Libertés d’avoir dès 1989 rencontré les Kurdes et dénoncé l’utilisation des armes chimiques. Suite à son action opiniâtre, le Conseil de sécurité des Nations Unies adoptait, en avril 1991, la résolution 688 qui a constitué la base juridique de la création d’une zone de protection au Kurdistan. C’était la première fois dans l’histoire de l’ONU qu’une résolution faisait mention du peuple kurde.
Elle était aussi persona non grata en Turquie pour avoir défendu avec beaucoup de pugnacité la députée kurde Leyla Zana et créé, en 1995, le Comité International pour la Libération des Députés Kurdes Emprisonnés en Turquie (CILDKT), avec le patronage de personnalités comme le Dalai Lama, François Mitterrand, Desmond Tutu. Depuis, elle n’a jamais cessé son soutien pour la cause kurde, par le biais de sa fondation France-Libertés, et encouragé les amis du peuple kurde à agir. Les Amitiés kurdes de Bretagne (délégation rennaise “Kurdistan”, à l’époque) lui doivent d’avoir pu produire, en 1998, le film “Kurdistan, je reviens d’un pays qui n’existe pas” dont elle honora de sa présence la première projection.
Elle apportera également son soutien au festival de Cinéma de Douarnenez en 2003, consacré au Kurdistan. Malgré le protocole lié à sa fonction d’ex-première dame de France, qui imposait garde du corps, etc… la voilà au beau milieu de la place du Bicentenaire contente de pouvoir manger des sardines “et avec les doigts, c’est tellement meilleur” rapporte Caroline Troin, directrice alors du Festival qui ajoute :
J’ai le souvenir intact de la rencontre à la MJC où elle exprima vivement son soutien indéfectible aux Kurdes. J’apercevais ses mains se croisant nerveusement sous la table. L’émotion semblait l’étreindre, alors même qu’elle répondait aux journalistes d’une voix terriblement douce et déterminée.
Cette grande dame capable d’affronter les grands de ce monde surprenait par sa simplicité et son courage. A 87 ans, Madame Danielle Mitterrand Danielle a “baissé le rideau”, mais son action en faveur des Kurdes restera gravée à tout jamais.
Les Amitiés kurdes de Bretagne adressent leurs condoléances à toute sa famille et à ses collaborateurs et collaboratrices de France-Libertés.
André Métayer