On ne présente plus Leyla Güven, ex co-maire de Viranşehir et membre du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, députée destituée de Hakkari. Elle purge actuellement une peine de 27 ans et 3 mois de prison à Elaziğ pour “appartenance à une organisation terroriste armée” et “propagande” en faveur de cette organisation. C’est donc un honneur de recevoir une correspondance de cette grande figure de la résistance kurde.
Que les amis qui comme toi ont un cœur plein d’amour et d’humanité vivent le plus longtemps possible. Toi, mais aussi tous les autres amis, vous mettez votre cœur dans ces enveloppes que vous nous envoyez. Franchement, chaque courrier que l’on reçoit de vous réchauffe le climat glacial de notre cellule. Je vous en remercie.
Dans cet envoi collectif (les tarifs postaux sont exorbitants pour le porte-monnaie de détenus), Leyla Güven précise :
Ma camarade Hulya vous donne des nouvelles de ce qui se passe ici. Je garde toujours le même rythme. Malgré la prison, je reste très active et occupée. Mes camarades députés du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More viennent me rendre visite. Nous discutons beaucoup. Comme j’ai beaucoup de dossiers, mes avocats viennent aussi souvent. Et puis, presque tous les jours je suis interrogée via le système SEGBIS (service de visioconférence judiciaire).
Je vous remercie sincèrement pour tout ce que vous faites pour moi. Merci d’être là. Les amis vous ont envoyés des informations les concernant. Prenez bien soin de vous. Respect et salutations.
11 jours de mitard
Lors d’une visite parloir avec sa fille Sabiha Temizkan le 11 janvier 2022, Leyla Güven a fait savoir qu’elle avait été condamnée à 11 jours d’isolement cellulaire pour “insulte ou menace envers les responsables de l’établissement”. Alors qu’elle était conduite au centre de vaccination de la prison un gardien lui intima l’ordre, sur un ton péremptoire, de sortir les mains de ses poches. Devant le refus, le ton a monté et le gardien proféra des injures et des menaces envers Leyla Güven qui porta plainte. Mais c’est finalement elle qui fut condamnée par le conseil de discipline de la direction de la prison d’Elaziğ.
André Métayer
Sabiha Temizkan est aujourd’hui journaliste indépendante après la fermeture, par décision administrative, des différentes agences de presse ou journaux auxquels elle a prêté son concours (DİHA, Özgür Gündem, Dünya, IMC TV, WeBiz…) comme journaliste ou rédactrice en chef. A ce titre elle a été accusée de “propagande en faveur d’une organisation terroriste par voie de presse et de radiodiffusion” et condamnée le 22 octobre 2020 à un an et trois mois de prison. Sabiha Temizkan a fait appel.
A suivre : lettres de Necmiye Boz, Remziye Yaşar, Dilan Aydın, Emine Erkan