Le Haut Conseil électoral de Turquie a pris la lourde responsabilité de révoquer le mandat de député de 6 candidats élus du BDP lors des élections législatives du 12 juin dernier. Ces 6 députés sont actuellement emprisonnés mais le droit turc permet aux personnes détenues d’être éligibles et de bénéficier de l’immunité en cas d’élection.
Hatip Dicle : 10 ans de prison + 2
Il s’agit tout d’abord de Hatip Dicle, élu député de Diyarbakir. Déjà en 1994 Hatip Dicle, alors député, avait été privé de son immunité parlementaire et emprisonné pendant 10 ans, en même temps que Leyla Zana. En 2009, il a encore été arrêté et mis en détention. Peu avant les élections, le Haut Conseil électoral avait refusé sa candidature avant que des manifestations de masse ne le fassent revenir sur sa décision quelques jours plus tard.
Selma Irmak
Selma Irmak, née en 1971 à Kiziltepe (province de Mardin), élue députée de Sirnak, fait partie de ces jeunes femmes qui militent dans les organisations étudiantes et au Centre culturel de Mésopotamie (MKM). Elle avait déjà connu la prison en 1994. Animatrice de l’Institut kurde d’Istanbul, elle adhère au HADEP, puis au DTP dont elle devient la présidente de la section régionale de Konya. Après les élections municipales de mars 2009, où elle s’était portée candidate, elle est arrêtée et mise en détention. Elle est toujours incarcérée à la prison de Diyarbakir.
Faisal Sarıyıldız
Faisal Sarıyıldız, né en 1975 à Cizre, a été aussi élu député de Sirnak. Cet ingénieur en construction mécanique est connu comme journaliste écrivant dans deux journaux kurdes, “Ülkede Gündem” et “Özgür Bakis”. Arrêté lui aussi après les élections municipales de 2009, mis en détention, il est toujours incarcéré à la prison de Mardin.
Kemal Aktaş : 22 années de prison + 2
Kemal AKTAŞ, né en 1958 à Suruç (province de Sanliurfa), diplômé de l’École secondaire industrielle d’Urfa, élu député de Van, a déjà un long parcours de militant kurde. Il est, lors du coup d’Etat de 1980, arrêté, torturé et condamné par une cour martiale à 22 années de prison. Il en sortira en septembre 2001. Il devient, après sa libération, directeur municipal à Urfa, adhère au HADEP, puis au DTP, dont il est membre fondateur. Elu en 2006 vice président chargé des questions de l’écologie, il sera, le 14 avril 2009, interpellé et mis en détention. Il est toujours incarcéré à la prison de Diyarbakir.
Gulser Yildirim
Gulser Yildirim, née en 1963 à Nusaybin (province de Mardin), élue députée de Mardin, est accusée de faire partie de la branche urbaine du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More). Cette mère de famille de 4 enfants est connue pour être une militante dans les mouvements de femmes, a été de toutes les luttes avec le HADEP, le DEHAP, le DTP et aujourd’hui le BDP où elle exerçait, jusqu’à son arrestation, en février 2010, les fonctions d’administratrice. Elle est toujours détenue à la prison de Mardin.
Ibrahim Ayhan
Ibrahim Ayhan, né en 1969 à Siverek (province de Sanliurfa), fief du tristement bien connu Sedat Bucak, ancien député du parti de Mme Çiller, compromis avec la mafia et les services secrets turcs. Marié et père de deux enfants, diplômé de l’université de Van en agriculture, Ibrahim Ayhan commence une carrière d’enseignant à Urfa et milite à Egitim-Sen, une très forte organisation syndicale d’enseignants plusieurs fois suspendue et menacée de dissolution au motif qu’elle mènerait des actions susceptibles de mettre en péril l’unité de la République, ce qui lui vaut d’être exilé, de 1997 à 2007, à plus de 1 000 km, près de la Mer Noire. A son retour, il milite au DTP/BDP et est élu président de la section régionale d’Urfa. Il est interpellé le 1er octobre 2010 et incarcéré, depuis cette date, à la prison de Sanliurfa.
L’AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More est donc sur le point de gagner la majorité qualifiée au Parlement de Turquie qui donnera les mains libres à RT Erdogan. C’est l’objectif non avoué de ces manœuvres frauduleuses. Le BDP va boycotter la rentrée parlementaire et les perspectives d’ouverture de vraies négociations pour trouver une solution politique à la question kurde s’éloignent.
André Métayer
Signez, faites signer la pétition : “oui à une solution politique à la question kurde en Turquie“