Une délégation de l’association Amitiés Corse Kurdistan, membre de la Coordination nationale Solidarité Kurdistan, s’est rendue au Kurdistan de Turquie pour observer les élections législatives qui se sont déroulées le 12 juin dernier.
Elle note tout d’abord que
le bloc progressiste, auquel appartient le BDP (parti kurde) a remporté un succès éclatant, doublant le nombre de ses élus.
Ses observations dans la région de Siirt, où elle s’est rendue pour suivre la campagne de la députée Kurde Gültan Kisanak, lui ont fait constater
d’innombrables violations aux libertés démocratiques : pressions sur les électeurs, présence de l’armée et de la police aux abords des bureaux, fraudes… Mais ce n’est pas tout :
Alors que la foule célébrait pacifiquement sa victoire, ovationnant Gültan Kisanak, leur nouvelle élue, la police a chargé. Un déchainement inouï de violence a alors eu lieu : gaz lacrymogène, jets de projectiles sur la façade de la permanence électorale, arrestation de dizaines de personnes dont de nombreux mineurs. Des femmes, des enfants, de personnes âgées suffoquaient, prises de malaise.
Ce témoignage oculaire confirme d’autres témoignages : deux appels téléphoniques venant de Diyarbakir nous ont fait vivre en direct des faits similaires.
Premier appel :
nous sommes deux cent mille dans les rues… c’est la joie. Nous sommes avec un nouvel élu, notre voisin d’immeuble, Altan Tan.
Deuxième appel :
c’est l’horreur… la police charge, elle lance des grenades, on suffoque. Il y a des femmes et des enfants, on fuit.
La police a aussi chargé dans d’autres grandes villes comme Van ou Batman.
La délégation française présente à Siirt a protesté avec la plus vive énergie contre ces violences.
Monsieur le Premier ministre a décidément mal supporté sa défaite dans les provinces kurdes, qui le prive de la majorité qualifiée nécessaire pour satisfaire ses ambitions d’autocrate.
André Métayer
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