Élections en Turquie : quelques points du programme électoral du bloc “Travail, Démocratie, Liberté”

Question kurde

Le programme électoral du Bloc est un projet de gouvernement et de société tourné vers l’avenir avec comme premier point une solution négociée pour la question kurde : il y a dans le manifeste une prise en compte des aspirations de paix d’un peuple fatigué par une guerre qui dure depuis trente ans mais également une volonté de ne pas le décevoir au regard des sacrifices consentis et des dommages subis.

Les revendications et attentes du peuple kurde doivent être prises en compte et les pourparlers qui durent depuis trois ans maintenant avec Imrali (nb : avec Öcalan) doivent déboucher désormais sur un processus de négociation. Nous obligerons le gouvernement AKP à rendre des comptes devant l’Histoire, lui qui, à l’instar de tous les pouvoirs précédents, a persisté dans une politique négationniste de la question kurde, qui a exposé la société turque à la guerre, au conflit, à la souffrance et aux larmes, qui a préféré la sauvegarde de ses intérêts politiques et économiques à la défense de la paix et de la fraternité entre les peuples. Sans attendre l’accord du gouvernement et avec nos propres moyens, nous exposerons publiquement et avec détermination nos propositions pour résoudre la question kurde.

Economie

Pour développer l’industrialisation, l’agriculture, l’élevage, la science et la technologie, le Bloc préconise la mise en place de structures accompagnant producteurs, consommateurs et salariés dans la gestion de l’économie et ce sans attendre ni compter sur le concours du gouvernement. L’actionnariat ouvrier sera encouragé et un fond de développement destiné aux régions défavorisées sera mis sur pied pour surmonter les disparités régionales.

Sécurité sociale

Des prestations sociales seront versées aux familles à faibles revenus ; les sans-abris seront pris en charge et bénéficieront d’une couverture sociale ; des centres d’hébergement pour les enfants de la rue et les orphelins dépendants seront créés et dotés de services éducatifs, de santé et d’orientation professionnelle. Les personnes âgées et les malades nécessitant une assistance spéciale seront pris à charge par la sécurité sociale. Pour lutter efficacement contre le travail clandestin, une sécurité sociale pour tous sera créée, garantissant ainsi un certain nombre d’avantages à tous les salariés déclarés.

Réforme constitutionnelle

Le concours de tous sera appelé pour la rédaction d’une nouvelle constitution visant à restreindre les pouvoirs de l’État. Elle n’imposera aucune idéologie et traitera de la nation et de la citoyenneté en termes ethiques. Elle sera fondée sur les droits individuels et collectifs. Elle sera de type libertaire, établissant le même respect à la nature et à l’être humain et protègera les différentes cultures, les différentes croyances et les différentes valeurs de la Turquie.

Autonomie démocratique

Le Bloc entend par “Autonomie démocratique” une gouvernance qui garantit le modèle de démocratie participative et directe : sur cette base, il préconise la création de 20 à 25 régions autonomes. Chaque gouvernement régional agira en toute responsabilité en assurant, entre le gouvernement central et les gouvernements locaux, une gouvernance administrative directe, devenant ainsi un important outil en termes de démocratisation.

Ce modèle administratif inclut que les conseils régionaux bénéficient d’une reconnaissance identitaire, de pouvoirs administratifs légaux et d’une sécurité politique. Leurs compétences seront étendues : éducation, santé, culture, services sociaux, agriculture, navigation, industrie, urbanisme, environnement, tourisme, télécommunications, femme, jeunesse, sports… la liste m’est pas limitative. Seules les Affaires étrangères et la Défense seront du domaine exclusif du gouvernement central. La Sécurité et la Justice seront des domaines partagés entre le gouvernement central et les conseils régionaux. La langue officielle sera le turc, les régions pourront, à leur convenance, utiliser une deuxième ou une troisième langue.

André Métayer