La Turquie va élire une assemblée parlementaire de 550 membres le 7 juin prochain, au cours d’un scrutin proportionnel à un tour. Les députés élus le seront pour un mandat de cinq ans. Pour qu’un parti soit représenté au parlement, il doit présenter un candidat dans au moins la moitié des provinces de la Turquie, il doit par ailleurs obtenir un minimum de 10 % des voix au niveau national. Les opérations de votes sont déjà commencées depuis le 8 mai pour les électeurs de la diaspora dans 53 pays du monde. Elles seront closes le 31 mai. Ainsi, en France, les électeurs peuvent voter dans les consulats de la République de Turquie à Paris, Bordeaux, Strasbourg, Lyon, Marseille et Nantes,
La politique autoritaire et interventionniste d’Erdogan peut-elle trébucher ?
Ces élections législatives en Turquie vont être difficiles pour le parti au pouvoir. Un signe qui ne trompe pas : les investisseurs internationaux craignent le retour de l’instabilité politique. Ils sont d’autant plus nerveux qu’ils ne peuvent se fier aux sondages qui varient selon la couleur politique des instituts et des médias. La livre turque chute face au dollar depuis décembre dernier. Elle a reculé de 21 % en 5 mois. Lors des législatives précédentes, en 2011, la croissance avait atteint le taux record de 11%.Elle n’était plus que de 4,2 % en 2013, 2,9% en 2014 et quasiment nulle au premier trimestre de cette année. L’inflation reste forte (8,2 %, loin de l’objectif des 5 %). Les investissements étrangers, dont le pays reste très dépendant, se tassent sous la double pression de la Banque centrale des Etats Unis et d’un interventionnisme politique turc croissant. Standard & Poor’s a abaissé sa note. L’opposition kémaliste est montée au créneau et fait des questions économiques la priorité de son programme de campagne. “Le modèle turc alliant démocratie et capitalisme” le tout sous la houlette d’un parti islamo-conservateur dominateur et proche des Etats-Unis, devait être un modèle pour les pays arabes. On est loin du compte, d’autant plus que des questions importantes, comme celles de Chypre et de la reconnaissance du génocide arménien, toutes deux liées à l’intégration européenne du pays, n’ont pas été réglées. Mais c’est surtout la question kurde qui risque, in fine, de faire perdre à l’AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More, le parti islamo-conservateur au pouvoir, la majorité absolue des sièges qu’il détient depuis 2002.
Le Parti de la Démocratie des Peuples, arbitre du scrutin ?
Suite aux résultats encourageants de Selahattin Demirtas à l’élection présidentielle de 2014, le HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More, Parti de la Démocratie des Peuples, a décidé de participer aux élections en tant que parti. Le HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More est un parti de gauche rassemblant les forces du mouvement kurde et élargissant sa base électorale aux hommes et aux femmes de Turquie militant pour les droits des autres minorités (Arméniens, Juifs, Roms, Alevis, homosexuels), pour la défense de l’environnement et pour des réformes sociétales en faveur de la démocratie, de la laïcité, de l’égalité homme/femme et des droits pour les travailleurs. Le pari est risqué mais pas déraisonnable. Un score en dessous de 10 % le priverait, certes, d’une représentation nationale et rejetterait le mouvement kurde et la démocratie aux plus mauvais moments de leur histoire, mais un bon score enverrait à la “Grande Assemblée” un groupe parlementaire de 80 députés qui empêcherait sans doute à l’AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More d’obtenir la majorité des 2/3 nécessaire pour modifier la Constitution et peut-être même la majorité simple, l’obligeant à passer des improbables compromis. Cette perspective plonge la campagne électorale dans un climat délétère : depuis le 24 avril, le HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More a été, selon l’AFP, la cible de 73 attaques. Le 18 mai, deux permanences du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More, l’une à Adana, l’autre à Mersin, ont été l’objet d’attentats à la bombe.
Appel du HDP
Le HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More, coalisé avec toutes les couches sociales, invite les observateurs internationaux à surveiller étroitement les élections législatives du 7 juin en Turquie :
à l’approche des élections législatives du 7 juin 2015 en Turquie, qui seront d’une importance cruciale en terme de démocratisation de l’Etat, nous vous invitons à participer aux élections en tant qu’observateurs étrangers afin d’apporter votre contribution pour un maximum de transparence lors du déroulement du scrutin et pour obtenir les résultats les plus incontestables possibles. Comme cela a été le cas lors des précédentes élections, le gouvernement de l’AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More pourrait de nouveau avoir recours aux fraudes électorales cette année. Par ailleurs, ces prochaines élections sont également importantes pour le bon déroulement du processus de paix actuellement en cours, ainsi que pour de nombreuses autres questions liées à la démocratisation et les droits fondamentaux. C’est pourquoi la présence d’observateurs internationaux relève pour nous de la plus haute importance, pour réduire les fraudes lors des scrutins et améliorer réellement le processus démocratique en Turquie.
Les Amitiés kurdes de Bretagne ont décidé d’envoyer une délégation.
André Métayer