Avec la remise en liberté conditionnelle le 29 septembre dernier de Filiz Buluttekin, co-maire destituée de la municipalité de Sur, on aurait pu croire que le temps de la négociation pour une paix juste et durable était de retour, à l’approche des échéances électorales de 2023. C’était, à la lecture des dernières nouvelles, pour le moins prématuré de l’écrire.
Nouvelle loi liberticide contre la presse
A la mi-octobre, à huit mois des élections générales, la Turquie a adopté une nouvelle loi contre la liberté de la presse, renforçant les sanctions contre toute personne accusée de répandre des informations prétendues « fausses ou trompeuses ». Onze journalistes des agences de presse Mezopotamya et Jinnews, dont 6 femmes, viennent d’être interpellés lors d’opérations à Ankara, Istanbul, Van, Diyarbakir, Urfa et Mardin, une semaine après l’entrée en vigueur de cette loi. Seize journalistes avaient déjà été écroués fin juin, à Diyarbakir, pour « appartenance à une organisation terroriste ». 57 journalistes ont déjà été emprisonnés en raison de cette loi pénale récemment votée, d’après la déclaration de Feleknas Uca et Hişyar Özsoy, porte-paroles de la commission des Affaires étrangères du Parti démocratique des Peuples (HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More).
Libération de Musa Farisoğulları et de Zeynep Sipçik mais nouvelle condamnation pour Leyla Güven
Si Musa Farisoğulları, ancien député de Diyarbakir, a été libéré en mars 2022 (militant depuis 1973 dans le parti pro-kurde HEP, devenu DTP puis HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More, il a connu la prison dès 2009 à plusieurs reprises, durant de longues années), sa collègue Leyla Güven (ils avaient été interpellés tous les deux en juin 2020 et incarcérés) est à nouveau condamnée à une peine de prison de 11 ans et 7 mois de prison s’ajoutant à une précédente condamnation à 22 ans et trois mois qu’elle purge à la prison d’Elazig.
Çağlar Demirel, ancienne maire de Derik et ancienne députée de Diyarbakır, détenue en 2011, puis en 2016, condamnée en 2017 à 7 ans et 6 mois d’emprisonnement, a aussi été libérée en septembre 2021, mais la Cour de cassation a ordonné un nouveau procès.
Zeynep Sipçik. co-maire de Dargeçit (province de Mardin), destituée de son mandat, arrêtée en mars 2016, condamnée à plus de 13 ans de prison, détenue à la prison de Sincan (Ankara), parrainée par Laurent Russier, maire de Saint-Denis, a également été libérée le 22 octobre 2022.
Gülser Yildirim, ancienne députée HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More, libérée quatre mois après la fin de sa peine
Gülser Yildirim, ancienne députée du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More pour la province de Mardin, détenue depuis 2016 à la prison de Kandira à Kocaeli, avait purgé sa peine de 5 ans et 7 mois d’emprisonnement mais sa libération est intervenue quatre mois après la fin de sa peine, au terme d’une procédure acharnée menée par son avocat et les députés du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More dénonçant une « nouvelle méthode de punition ». Les libérations tardives des prisonniers politiques s’inscrivent dans une politique carcérale des autorités turques tendant à subordonner les mises en liberté à une déclaration de repentir.
Aysel Tuğluk, atteinte de la maladie d’Alzheimer, maintenue scandaleusement en détention
Aysel Tuğluk, ancienne co-vice-présidente du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More, ancienne députée de Diyarbakir, est maintenue scandaleusement en détention à la prison fermée de haute sécurité (type F) de Kandira. Aysel Tuğluk est une grande figure de la résistance kurde. Nous l’avions rencontrée à Paris en octobre 2012, lors du colloque organisé par le Congrès national du Kurdistan (KNK). La Plateforme des femmes d’Ankara demande sa libération immédiate : « nous élevons une fois de plus la voix pour Aysel, qui a été retenue en otage en prison malgré ses graves problèmes de santé. » La porte-parole a rappelé que la démence d’Aysel Tugluk a été diagnostiquée en février 2021 à l’hôpital d’État de Seka et que sa maladie progresse de jour en jour. Par trois fois la demande de sa remise en liberté a été rejetée, son maintien en détention étant jugée compatible au régime de détention. Un vrai scandale ! Aux dernières nouvelles, Aysel Tugluk aurait été envoyée à l’hôpital, mise sous perfusion, et ramenée ensuite à la prison, mais, selon le journal Cumhuriyet le 26 octobre, « l’Institut de médecine légale a publié un rapport intitulé ‘’Impossible de rester en prison’’ sur l’ancienne codirigeante du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More, Aysel Tuğluk, qui est en détention provisoire à la prison de type F n° 1 de Kocaeli depuis décembre 2016 et dont la libération a été demandée en raison d’un diagnostic de démence depuis un certain temps. Tugluk devrait être libéré dans la soirée ».
André Métayer