Le président dictateur RT Erdoğan veut faire taire et punir toutes les oppositions qui pourraient contester son pouvoir absolu. Les Kurdes, notamment les co-présidents du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More Selahattin Demirtaş et Figen Yuksekdag, sont dans la ligne de mire, mais pas seulement : les journalistes et les écrivains le sont aussi. Erol Özkoray et son épouse Nurten, coupables d’avoir écrit et publié un essai critique (“Le Phénomène Gezi”) sur les manifestations anti gouvernementales qui ont secoué la Turquie toute entière en juin 2013, sont de ceux-là.
Erol Özkoray, qui a obtenu en mai 2014 le prix Ayse Nur Zarakolu de la liberté de pensée et d’expression – juste récompense pour toutes les luttes démocratiques menées contre l’Etat, l’armée et le pouvoir islamiste – a été condamné le 23 septembre 2014 à une peine de prison assortie d’une peine de sursis par la 2e Cour pénale d’Istanbul. Saisi en appel, le tribunal n’avait pas encore rendu sa sentence. C’est chose faite : la condamnation à 11 mois et 20 jours de prison est maintenant ferme, alourdie d’une amende de 10 000 livres turques (3 300 euros).
RT Erdoğan doit être jugé, comme Milosevic, par le TPI de La Haye
Erol Özkoray, originaire d’Istanbul, vit depuis 6 mois en Suède. Il est le premier intellectuel à avoir quitté son pays et à vivre en exil pour être entré directement en conflit avec Erdoğan :
politiquement les choses sont devenues très dangereuses en Turquie et le pays court vers une catastrophe : un totalitarisme théocratique se met en place. Ce sera un régime de type islamo-fasciste. Le but d’Erdoğan, c’est de passer en 2023 – au centenaire de la République – à la Nouvelle Turquie, qui mettra définitivement fin à la République et à la laïcité. Nous sommes en face d’un dictateur qui a pour référence Hitler, qui soutient le sunnisme rétrograde des wahhabites, qui épouse les thèses des Frères musulmans, qui flirte politiquement avec l’Etat islamique et qui rêve de devenir Calife. Erol Özkoray met en garde les institutions européennes : Erdoğan est un danger pour l’Europe et menace sa sécurité. L’Union européenne doit l’isoler politiquement sans tarder : Erdoğan a violé le contrat social qui existe avec le peuple de défendre la République laïque, car il met en place une dictature islamique. Il a commis un crime contre l’humanité en réprimant violemment la révolte de Gezi en 2013 (8 tués et 10 000 blessés), il a commis également un crime de guerre en Syrie et en Iraq en soutenant l’Etat islamique et finalement le crime de génocide contre les Kurdes à Kobanê et aujourd’hui au Kurdistan de Turquie. Son statut doit être aujourd’hui celui de Milosevic et il devrait être jugé par le Tribunal pénal international de La Haye.
André Métayer