Jean-Pierre Blazy, député-maire de la ville de Gonesse, va parrainer un député du Parti démocratique des Peuples (HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More) de Turquie, détenu dans les geôles turques, au cours d’une cérémonie officielle vendredi 14 avril, à laquelle le public est chaleureusement invité.
C’est évidemment un geste fort adressé au président turc RT Erdoğan, mais aussi un geste de solidarité envers tous les Kurdes et autres militants turcs détenus et un appel envers les gouvernements français et européens pour qu’ils dénoncent à la veille d’un référendum organisé en Turquie dans des conditions anti-démocratiques, les dérives totalitaires ouvrant ainsi la voie à un système dictatorial aux portes de l’Europe.
“Solidaires des élus kurdes poursuivis, arrêtés, détenus en Turquie, nous les parrainons” titrait une tribune parue dans libération (15 novembre 2016) et signée par une centaine de députés et sénateurs :
si notre pays considère la Turquie comme un partenaire, ce lien créé également des devoirs. Le devoir de lui dire qu’en jetant en prison des journalistes, des magistrats, des avocats, des intellectuels, des syndicalistes, des élus, la Turquie s’éloigne des valeurs européennes de l’Union européenne, à savoir le respect de la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité, l’état de droit, le respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. C’est pour ses valeurs, pour ses principes que nous demandons leur libération et exprimons notre solidarité, en parrainant avec beaucoup de fierté, les députés et les maires membres du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More, menacés, arrêtés, détenus injustement en Turquie.
Le député parrainé à Gonesse est İdris Baluken, député de Diyarbakir, président du groupe parlementaire HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More.
İdris Baluken
İdris Baluken, né le 2 juillet 1976 à Bingöl, est un médecin réputé, spécialiste des maladies pulmonaires et de la tuberculose ainsi que de la chirurgie thoracique. Il a exercé à Bingöl, Ankara et Diyarbakir. Engagé politiquement, İdris Baluken a été député de Bingöl en 2011, puis député de Diyarbakir en 2015. Il est depuis 2012 président du groupe parlementaire HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More à la Grande Assemblée de Turquie.
Il a participé comme médiateur, avec ses collègues députés Pervin Buldan et Sirri Süreyya Önder, aux négociations de paix engagées entre les émissaires du gouvernement (Yalçin Akdogan, vice-Premier ministre et Efkan Ala, ministre de l’Intérieur) et Abdullah Öcalan, président du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More). Les accords de paix étaient en vue avant qu’Erdoğan ne fasse volteface. En juillet 2013, İdris Baluken interpelle durement Erdoğan : “les mots, ça suffit ! Des actes maintenant.”
On connait la suite : le 4 novembre 2016, İdris Baluken est mis en garde à vue puis en détention. Une peine de perpétuité incompressible (se substituant à la peine de mort après son abolition) et 15 années de prison sont demandées à l’encontre d’Idris Baluken, accusé “d’atteinte à l’unité de la Nation et de l’Etat“, “appartenance à une organisation terroriste”, “propagande pour organisation terroriste”, “opposition à la Loi de restriction des manifestations“.
İdris Baluken est détenu, en compagnie de Fırat Anlı, co-maire de la ville métropolitaine de Diyarbakir, à la prison de haute sécurité de Kocaeli (située à 100 km de Istanbul et à 1 250 km de Diyarbakir) : Kandıra Prison No: F2 / Kocaeli. Sa détermination est intacte :
ce n’est pas nous qui devrions être ici en prison, mais ceux qui ont conçu cette conspiration et l’ont mise en place contre nous. Ils refusent même de révéler notre localisation afin de nous marginaliser. Il s’agit d’une politique de prise d’otages, d’enlèvement. Nous savons, de par l’histoire, que de telles dictatures, de telles approches ont toujours fini par s’effondrer, Nous continuerons notre lutte où que nous soyons. Mes salutations à notre peuple.
André Métayer