La “mère des Kurdes”, un évêque, un ancien Premier Ministre, cinq anciens Ministres, trois candidates à l’élection présidentielle, des députés, des sénateurs, les présidents de conseil généraux, des élus locaux… se trouvent à la tête des soixante personnalités et des 1300 autres signataires de la pétition en faveur de Leyla Zana, condamnée à 10 ans de prison par la 5ème Cour pénale de Diyarbakir pour délit d’opinion.
Osman BAYDEMIR, maire de Diyarbakir et Président l’Union des Municipalités du sud-est anatolien (G.A.B.B.) et Nejdet ATALAY, maire nouvellement élu de Batman et ancien Président du DTP de Diyarbakir, ont été condamnés, hier, mardi 21 avril, à 10 mois de prison ferme et à la destitution de toutes leurs fonctions publiques ou électives par la 4e chambre du Tribunal des “Hautes peines” de Diyarbakir (cour d’assises) pour les discours prononcés en 2008, lors d’un meeting de protestation contre les opérations militaires. Ali SIMSEK, l’actuel président régional du DTP de Diyarbakir a aussi écopé d’un an ferme. Les avocats ont décidé de faire appel de ces condamnations.
Depuis le succès électoral remporté par le Parti pour une Société Démocratique, le DTP, dans les provinces kurdes, la machine répressive s’emballe et s’abat sur ce parti légal que le pouvoir cherche à décapiter : plus de 300 cadres et élus démocratiquement sont en garde à vue dont, pour le moins, une soixantaine est déjà inculpée et écrouée, parmi laquelle 13 jeunes Kurdes, tous membres de la section des jeunesses DTP.
Que reproche-t-on à tous ces démocrates, à tous ces militants, représentant, dans leur diversité, la grande majorité de ces 12 millions de Kurdes (selon les estimations turques) à 20 millions (selon les affirmations de source kurde) vivant en Turquie du Sud-est ou exilés dans les grandes métropoles turques ou en Allemagne ou dans les autres pays d’Europe ? – “appartenance à une organisation terroriste” (AFP 18 avril) ; “‘appartenance au PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More et propagande séparatiste, liens présumés avec les rebelles séparatistes kurdes” (AFP 22 avril) ; on reproche à Leyla Zana d’avoir déclaré à l’Université de Londres (School of Oriental and African Studies) le 24 mai 2008 que le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More et Öcalan sont aux Kurdes ce que le cerveau et le cœur sont à l’être humain ; elle refuse désormais de se défendre et de cautionner ainsi une parodie de justice ; Osman Baydemir, et son collègue maire de Batman se voient reprocher d’avoir fait l’éloge des rebelles kurdes en les qualifiant de “maquisards”.
Que l’AFP, peu suspecte, loin de là, de complaisance avec le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, admette dans sa dépêche du 22 avril que les rebelles du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, “surtout actifs dans les régions montagneuses”, “bénéficient de soutiens actifs dans les zones urbaines de Turquie” est significatif : il est de moins en moins crédible, en effet, de continuer à déclarer hors la loi une organisation qui bénéficie d’autant de soutien dans la population et de justifier toute cette politique anti-kurde au seul motif que L’article 7/2 de la Loi sur la lutte anti-terroriste sanctionne “toute propagande en faveur de l’organisation terroriste (PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More)”. Cette politique est obsolète.
Certains avaient cru voir l’amorce d’une nouvelle politique avec la mise en place d’une chaîne publique turque diffusant en langue kurde 24h/24. Que nenni !… il faut dire à tous ceux qui sont de bonne foi, que cette ouverture n’était qu’un leurre électoral : la très populaire chanteuse kurde Rojîn, qui avait été nommée responsable des programmes, vient de démissionner avec fracas en dénonçant les censures pratiquées par la direction et une absence de liberté : “tous mes invités sont refusés, mes propos coupés au montage”, sans parler d’une réelle perte d’audience.
N’est-il pas urgent de trouver une vraie solution politique à la question kurde? Tel est le thème du colloque qui se tiendra le jeudi 30 avril 2009, au Palais du Luxembourg, sous le parrainage de la Sénatrice Isabelle PASQUET, co-organisé par Solidarité et Liberté, le MRAP, le Parti Communiste Français, le Centre d’Information du Kurdistan, le Centre culturel kurde Ahmet KAYA, la Fédération des Associations kurdes en Europe, le Mouvement de la Paix et les Amitiés kurdes de Bretagne.
André Métayer