L’agence de notation économique mondiale Standard & Poor’s (S&P) a annoncé mardi 1 mai 2018 qu’elle avait abaissé la note de crédit de la Turquie, au grand dam du chef de l’Etat turc qui juge “suspect” le timing de cette mesure à deux mois d’élections anticipées dans le pays.
Standard and Poor’s est l’une des trois sociétés leaders mondiales de la notation financière dont l’influence sur les marchés et la vie des entreprises est considérable. Ces agences de notation financière se chargent d’évaluer le risque de non remboursement des dettes que présente l’emprunteur, la Turquie en l’occurrence, qui se retrouve ainsi reléguée encore davantage dans la catégorie des investissements considérés comme “spéculatifs” :
nous dégradons la Turquie à cause de ce que nous considérons comme des déséquilibres macroéconomiques croissants. Dans ce contexte, la dégradation reflète nos inquiétudes face à la détérioration des perspectives d’inflation et à la dépréciation et la volatilité à long terme du taux de change de la Turquie. (…) La sur-stimulation de l’économie provoque un éventail d’effets secondaires négatifs, notamment l’aggravation du déficit des comptes courants et la persistance d’une inflation à deux chiffres (10,3% en 2018, selon S&P).
L’agence, après avoir pointé l’affaiblissement de la monnaie turque et le caractère de plus en plus centralisé du processus de décision de l’Etat turc, table avec prudence néanmoins sur une saison touristique “qui s’annonce bonne, mais elle est vulnérable à la situation de la sécurité en Turquie et dans les pays voisins”.
Et de conclure :
l’escalade des tensions en Syrie, et l’incursion de la Turquie dans les zones syriennes contrôlées par les Kurdes n’est pas un bon présage pour la situation géopolitique de la région.
Standard & Poor’s a averti que le 17 août prochain, lors de la prochaine publication prévue sur la notation souveraine de la Turquie, la note pourrait être abaissée à nouveau si les conditions de financement extérieur et le taux de change se détérioraient davantage et si les vulnérabilités dans le secteur privé turc augmentaient.
André Métayer