Appel à manifester samedi 11 janvier 2020 à Paris, à 10h30 devant la gare du Nord
Mercredi 9 janvier 2013 : ce jour-là, trois militantes kurdes, Sakine, Rojbîn, Leyla, étaient froidement assassinées à Paris. Ce jour-là est gravé à tout jamais comme un jour noir dans l’histoire kurde, mais aussi dans la nôtre, amis du peuple kurde. C’étaient nos amies, nous partagions avec elles, dans l’action militante, cet amour de la liberté, cette envie de vivre heureux dans l’égalité des droits et dans la fraternité des peuples. Depuis la première heure, nous demandons pour elles Vérité et Justice. Les intérêts économiques, financiers, stratégiques et diplomatiques de la France et des pays européens, ou toute autre raison d’Etat, ne peuvent être opposés à la transparence et au droit international. Il y va de l’honneur de la France. Ce triple assassinat exécuté sur le sol français a été commandité par la Turquie, nous le savons, la justice française le sait, les officines, les chancelleries de par le monde le savent. Le gouvernement français ne peut l’ignorer, ne peut le nier. Deux officiers traitants des services secrets turcs (MİT), Erhan Pekçetin et Aydın Günel, enlevés par le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More dans le nord de l’Irak en août 2017, ont corroboré ce que nous savons : l’assassinat des trois militantes kurdes à Paris est l’œuvre du MITOrganisation du renseignement national (Millî İstihbarat Teşkilatı), services secrets turcs. More.
La lenteur de la justice engendre impatience et suspicion
L’action publique s’étant éteinte avec le décès du meurtrier présumé, Ömer Güney, le 17 décembre 2016, les avocats des familles des victimes décidèrent, le 22 février 2017, de déposer une plainte avec constitution de partie civile visant notamment à déterminer qui sont les commanditaires. Ils décidèrent en mars 2018 de porter plainte à nouveau, au vu de nouvelles révélations qui, selon eux, accréditent la responsabilité des services secrets turcs dans cette affaire. Le 16 mai 2018, le Tribunal permanent des Peuples, où je fus cité comme témoin, a établi que l’Etat turc avait commis, organisé ou protégé des crimes de droit commun, ou crimes d’Etat, contre des individus ou des associations kurdes, sur son territoire et hors de son territoire et de citer le cas “du meurtre de trois militantes kurdes à Paris, le 9 janvier 2013” dans lequel des d’officiers supérieurs du MITOrganisation du renseignement national (Millî İstihbarat Teşkilatı), services secrets turcs. More sont impliqués. L’affaire suit son cours et un juge antiterroriste a été chargé le 14 mai 2019 de reprendre l’enquête. Mais depuis… ce nouveau silence n’est pas sans semer quelques inquiétudes. La manifestation montrera que nous restons mobilisés.
Rojbîna me (notre Rojbîn)
Les Amitiés kurdes de Bretagne ont été particulièrement touchées par l’assassinat de Fidan Doğan, connue sous le nom de Rojbîn, “cette jeune femme très intelligente et qui possédait, fait rarissime, les codes des trois cultures : turque, kurde et française” selon l’avocate Sylvie Boitel. Nous pensons, avec Eyyup Doru, représentant du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More en Europe, que c’est Rojbîn qui était particulièrement visée dans ce triple assassinat et la France à travers elle. Elle a en effet été exécutée d’une balle dans la bouche, une manière de signifier que désormais, elle ne parlerait plus.
Les Amitiés kurdes de Bretagne ont édité “Rojbîna me”, un livre de photos, un témoignage affectueux, qui parle de son enfance et de sa vie militante, de son aura (format 15 cm x 15 cm, 36 pages, 50 photos, 6€).
André Métayer
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