L’Iran et la Turquie, malgré leurs divergences profondes par ailleurs, sont en train d’unir leurs efforts pour tenter d’anéantir toutes forces contestataires kurdes. La République islamique d’Iran a écrasé toute expression politique en pourchassant les militants d’opposition. Nombre d’entre eux ont déjà été pendus et d’autres attendent leur exécution dans les couloirs de la mort. Elle veut en finir aussi avec la lutte armée des Kurdes iraniens du PJAKParti pour une vie libre au Kurdistan (Partiya Jiyana Azad a Kurdistanê), parti kurde en Iran. More (Parti pour une vie libre au Kurdistan), alliés des forces combattantes du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More. Mais l’ambition de l’Iran ne s’arrête pas là : Mahmoud Ahmadinejad, qui a déjà pris ses distances avec son ex-ami le syrien Bachar-el-Assad, s’invite à la table des Grands qui lorgnent sur la région autonome du Kurdistan irakien, dont la position stratégique et les ressources pétrolifères attisent les convoitises. L’armée terrestre iranienne, tente, depuis le 16 juillet, de déloger les forces du PJAKParti pour une vie libre au Kurdistan (Partiya Jiyana Azad a Kurdistanê), parti kurde en Iran. More et du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More des monts Qandil, région montagneuse réputée impénétrable. La Turquie, dont les commandos des forces spéciales ont appuyé l’opération terrestre, bombarde sans relâche depuis le 17 août, avec l’accord et l’appui technologique de l’OTAN et des Etats-Unis. L’actuel chef d’état-major de l’armée turque, le général Necdet Ozel, inspire les pires craintes, lui qui est surnommé “Necdet le chimique” depuis qu’il est soupçonné d’avoir employé des armes chimiques contre les combattants du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More en 1999 dans la région de Sirnak. Les raids aériens ont déjà causé des dégâts importants et des pertes civiles. Le gouvernement irakien, dont l’attitude attentiste, un temps, serait due à des atermoiements diplomatiques, a protesté contre ce qu’il considère comme une violation de la souveraineté de l’Irak par la Turquie qui “bombarde les zones frontalières irakiennes en ciblant des civils innocents”. Les médias turcs et les cercles proches du gouvernement Erdogan évoquent de plus en plus librement l’hypothèse d’un scénario à la sri-lankaise qui a vu l’armée sri-lankaise noyer dans le sang la rébellion tamoule. C’est véritablement la guerre. Une guerre “asymétrique” dont l’issue est incertaine.
Graves incidents entre armée turque et manifestants kurdes
La réaction des Kurdes de Turquie est vive malgré la répression qui sévit, notamment depuis avril 2009. Les populations, avec à leur tête leurs élus, maires, conseillers régionaux, députés, se sont massées à la frontière turco-irakienne avec la ferme intention de se rendre dans les régions bombardées et de former un bouclier humain. Des heurts très violents avec la troupe se sont soldés par de nombreux blessés. Un élu, Yildirim Ayhan, conseiller régional de Van, a été tué d’une balle en pleine poitrine à Çukurca. Ses funérailles ont donné lieu à de nouveaux heurts avec la police qui a, dans le cimetière même, chargé et dispersé la foule à coups de grenades lacrymogènes.
Des manifestations se succèdent dans les régions kurdes et non kurdes de Turquie. A Istanbul, les “Mères du samedi” ont tenu leur 335ème sit-in place Galatasaray, réclamant justice pour les membres de leur famille portés disparus lors des gardes à vue ou autres opérations policières. Une manifestation aux flambeaux s’est déroulée de nuit dans plusieurs quartiers d’Istanbul, aux cris de “vive Apo” (Öcalan). Des détenus politiques dans les prisons turques ont commencé une grève de la faim illimitée. Les réseaux sociaux se mobilisent, comme à Londres et à Rome où les Twitterkurds ont appelé à manifester contre les raids aériens au dessus du Kurdistan irakien. A Rennes, plusieurs centaines de Kurdes ont défilé en criant des slogans hostiles à la Turquie et à l’Iran et en demandant à la France d’intervenir diplomatiquement.
André Métayer