Des perquisitions, suivies d’arrestations, effectuées le samedi 4 juin 2011 dans les locaux des centres culturels kurdes de Villiers-le-Bel et d’Evry, sur instruction du parquet anti-terroriste de Paris, ont mis inutilement ces deux banlieues en ébullition :
Quand les policiers sont entrés, ils nous ont demandé de nous mettre par terre, témoigne le président de l’association de Villiers-le-Bel, présent sur les lieux ; une femme a reçu un coup de matraque.
Quant au porte-parole du ministère de l’Intérieur, il a réfuté de son côté toute provocation ou usage excessif de la force.
Ce n’est pas l’avis du maire PS de la ville voisine de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, qui déclare que l’opération a été “mal maîtrisée” : bombes lacrymogènes et tirs de flash-ball ont été utilisés, faisant des blessés dont dix sont encore hospitalisés (5 sont touchés gravement).
La nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre et, dès 22 heures, les Kurdes de Rennes, au nombre de 200, manifestaient place de la gare et ont perturbé un temps la circulation avenue Janvier devant Radio France.
Dimanche après-midi, ce sont plusieurs centaines de manifestants qui ont défilé à Evry dans le quartier des Pyramides et près de 2000 personnes ont manifesté à Villiers-le-Bel, derrière la banderole : “non à la répression contre les Kurdes de France”, en criant “Le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More n’est pas une organisation terroriste” et en agitant des drapeaux aux couleurs kurdes. Le député-maire (PS) de Sarcelles (Val-d’Oise), François Pupponi et le maire (PS) de Villiers-le-Bel, Didier Vaillant, qui ont participé à la marche, ont appelé au calme. Des manifestations sont prévues dans les jours prochains, notamment à Marseille.
Dans un communiqué, la Coordination Nationale Solidarité Kurdistan, qui regroupe des associations comme Amitiés kurdes de Bretagne, Solidarité et Liberté, Mouvement de la Paix, Amitiés Corse-Kurdistan, Amis du Peuple kurde en Alsace et MRAP, dénonce ces opérations policières qui viennent confirmer les craintes exprimées lors du colloque organisé le 30 mai dernier à l’Assemblée Nationale, quand fut abordée la question de la politique de la France vis à vis des Kurdes résidant en France et dénoncée l’attitude agressive des autorités à l’encontre de cette communauté.
Le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) a exprimé
sa préoccupation à l’égard de la répression spectaculaire qui frappe les Kurdes de France et sa solidarité avec le peuple kurde. Il a appelé le gouvernement français et l’Elysée à entendre les forces qui concourent à la démocratisation de la Turquie plutôt que de céder, au nom de la Realpolitik, aux pressions d’Ankara.
Le parti communiste français (PCF) a tenu mardi une conférence de presse au Palais du Luxembourg pour dénoncer ces pratiques intolérables au pays des Droits de l’Homme :
La France se couvre de honte en utilisant contre ces hommes les mêmes pratiques que celles qu’ils ont fuit en quittant la Turquie.
Le PCF demande la libération immédiate des militants kurdes et l’arrêt des violences sur celles et ceux qui les soutiennent.
André Métayer