Le décor est planté pour un “apéro kurde” : un décor spontané et éphémère composé de kilims kurdes (tapis tissés) venant de Hakkari, symboles d’une lutte de femmes chassées de leur village et trouvant dans cette activité les ressources économiques et psychologiques nécessaires à leur reconstruction ainsi que de posters, d’une grande force d’émotion, tirés de photos de Gaël Le Ny, qui donnent des visages à ce peuple nié.
Quatre associations (Amara – Maison du Peuple kurde, Amitiés kurdes de Bretagne, la Ligue des Droits de l’Homme, le Mouvement de la Paix) ont, dans le cadre de la Semaine de la Solidarité internationale organisée par la Maison internationale de Rennes, convié les Rennais à un apéro kurde au cours duquel il a été question de la défense des droits humains, des Kurdes immigrés à Rennes qui s’organisent superbement autour de leur maison – lieu de prière et d’activités culturelles et politiques – achetée avec leurs deniers, fruits de leur travail au sein d’entreprises de maçonnerie ou dans la restauration.
Il a été question de la collaboration entre associations pour conduire des projets ; il a surtout été question de démocratie politique telle qu’elle est vécue dans cette région de Turquie que les Kurdes appellent le Kurdistan, sans pour autant être “séparatistes”.
En quelques minutes de vidéo, les Amitiés kurdes de Bretagne[Il est possible de se procurer cette vidéo [sur demande ou sur le stand des marchés du monde (halle Martenot à Rennes, dimanche 28 novembre).]], avec le rapport de leur mission au Kurdistan de Hakkari à Diyarbakir, leurs deux ports d’attache et le Mouvement de la Paix, avec sa participation au Forum social à Istanbul, ont résumé la situation : la démocratie locale s’installe inexorablement, mais à quel prix !
La démocratie locale au Kurdistan a besoin d’un soutien international : la Ville de Rennes l’a très bien compris et son maire Daniel Delaveau, dans un geste fort, a apporté son soutien au maire de Diyarbakir injustement poursuivi devant les tribunaux pour faits de terrorisme, ainsi que 1 900 personnalités, responsables politiques ou associatifs.
Mme Lefrançois, adjointe au maire déléguée aux Relations internationales et aux Affaires européennes[Etaient également présentes deux conseillères municipales (Catherine Barbotin, déléguée à l’Action humanitaire et Nathalie Mbombo, déléguée à la solidarité internationale), Ghania Boucekkine et Emmanuelle Berthinier-Brie, Vice-présidente et directrice de la MIR, Marie Guyard, de la DRI ; s’étaient fait excuser Claudy Lebreton, Président du Conseil général des Côtes-d’Armor, Frédéric Bourcier et Marie Anne Chapdelaine, adjoints au maire de Rennes, Ana Sohier, conseillère municipale de Rennes.]] a fait part dans son intervention d’une autre initiative du maire de Rennes relayant auprès du Président du CGLU réuni à Mexico en Congrès mondial [une requête d’Osman Baydemir, en demandant qu’elle soit prise en considération.
Diyarbakir attend beaucoup de Rennes dans nombre de domaines, nécessitant de donner un nouvel élan à cette coopération entre les deux villes, une dimension plus globale et plus citoyenne : le temps est venu de parler de jumelages entre les deux villes.
Cet apéro a donc été l’occasion d’échanges fructueux : on notera en particulier la rencontre avec des membres de l’association Karayel[[Karayel est une association culturelle qui vise à développer en particulier la connaissance de la société turque et des arts et cultures de Turquie (diffusion artistique, animation culturelle et sociale, initiation et formation à la langue, aux arts et cultures turques, voyages culturels). En novembre et décembre, Karayel propose de découvrir l’exposition Café-Croissant.]] et avec Pinar Selek, écrivaine et sociologue turque, avocate passionnée des groupes socialement défavorisés et marginalisés comme les enfants de la rue. Une militante engagée pour les droits des minorités ethniques kurde et arménienne et, avant tout, une militante féministe.
André Métayer