Les fouilles entreprises dans les régions kurdes par TTB (Association médicale turque), IHD (Association turque pour les Droits de l’Homme) et Meya-DER (Association des Familles de Tués) suscitent une forte émotion chez les familles de “disparus”. Des ossements humains ont en effet été retrouvés dans des décharges d’ordures, sur les bords des routes, dans des centres urbains comme dans des zones rurales et même dans une cour de gendarmerie. Ce sont les restes de près de 1 500 personnes qui, après l’excavation de 114 charniers, ont déjà été recueillis malgré le manque d’empressement des autorités gouvernementales.
Ce chiffre pourrait être rapidement dépassé : on sait en effet que, dans cette vaste région géographique allant de Hakkari à Tunceli, des milliers de personnes ont disparu à la suite de rafles policières et d’opérations militaires et on suspecte que les corps ont été enterrés dans des centaines de fosses communes. On parle déjà de 237 charniers découverts dans le centre de Bingöl et les districts environnants dont 156 seraient déjà homologués.
Plus de 20 000 personnes ont été tuées ou portées disparues au cours de leur détention, depuis les années 90
a déclaré Hasip Kaplan, député BDP de Sirnak, lors de son intervention le 9 février au parlement turc.
La seule année 2010 compterait 57 meurtres politiques non élucidés et exécutions extrajudiciaires.
André Métayer