Les Amitiés kurdes de Bretagne (AKB) ont relaté l’arrestation d’un jeune Kurde à Rennes par la sous-division anti-terroriste de la PJ parisienne et attiré l’attention sur le caractère saugrenu de cette interpellation dans le contexte actuel, où la lutte anti terroriste, c’est la lutte contre le prétendu Etat islamique. L’article paru le 17 octobre sur le site de France 3 Bretagne titre “Attaque d’une association turque à Marseille: un proche du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More arrêté à Rennes” et relate l’arrestation et la mise en détention d’un Kurde rennais au motif qu’il aurait participé à une attaque au cocktail Molotov contre une association turque à Marseille le 5 décembre 2015. Le motif auparavant invoqué pour justifier l’intervention de la sous-division anti-terroriste de Paris (financement d’une organisation terroriste) semblant étrangement abandonné, les AKB, qui suspectent un coup tordu, tiennent à faire la mise au point suivante :les Amitiés kurdes de Bretagne condamnent les attaques contre les personnes et les biens d’où qu’elles viennent, qu’elles soient le fait de casseurs s’attaquant aux vitrines de commerçants, de groupes cagoulés infiltrés dans des manifestations politiques et/ou syndicales, ou de bandes armées jetant des cocktails Molotov sur les forces de police. Elles condamnent de même façon les auteurs d’actes inconsidérés et répréhensibles visant les locaux d’associations, quelles qu’elles soient.
De tels faits visant des associations turques attribués à des individus de nationalité turque, d’origine kurde, sont heureusement rares et non revendiqués par les organisations kurdes. En ce qui concerne “l’attaque” relatée par France 3, dans laquelle serait impliqué un Kurde de Rennes, elle date du 5 décembre 2015. “La Provence”, relatant les faits, parle de dégâts limités : seule la façade du local aurait été endommagée. D’où notre étonnement de voir débarquer à Rennes la sous-division anti-terroriste de Paris (SDAT) pour interpeller un membre de la communauté kurde locale. La perquisition, de source proche de l’enquête, aurait permis de retrouver “des drapeaux et des documents de propagande de la rébellion kurde”. Rien de plus ordinaire : les enquêteurs pourront trouver tout cela chez tous les Kurdes qui militent – et ils sont nombreux, à Rennes comme ailleurs – pour “soutenir la cause du peuple kurde”.
Mais quel est le lien entre ce fait divers marseillais datant de plus de 10 mois et l’accusation d’appartenir à une organisation terroriste visant un Kurde rennais ? La seule explication plausible est que, pour des raisons qui nous échappent pour l’instant (du “donnant donnant” entre services de renseignements, par exemple), il était nécessaire d’interpeller un Kurde (ou ce Kurde). Le premier prétexte (financement du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, considéré comme une organisation terroriste) ne tenant pas, on a alors sorti des tiroirs une veille histoire marseillaise. Le coup est assez classique, hélas.
Il appartient bien sûr à la Justice d’établir la vérité dans cette affaire mais, dans l’attente, notre Kurde est mis en détention, une détention provisoire qui peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années. Serait-ce le but recherché ?
Les Amitiés kurdes de Bretagne souhaitent une remise en liberté le plus tôt possible.
André Métayer