Photo, arts plastiques, musique… nous offrirons les outils pour que l’art s’éveille chez les enfants et les adultes de Lavrio
Les ateliers se dérouleront du 10 au 21 juin 2019, proposant trois types d’activités :
- un atelier photo
- un atelier arts plastiques
- un atelier musique
Dans la continuité des ateliers que nous avions animés auprès des déplacés yézidis à Fidanlik en Turquie en 2016, le matériel nécessaire à la réalisation des activités sera acheté à Lavrio, afin de faire marcher l’économie locale, et laissé dans le camp afin que ses habitants puissent poursuivre les activités après le départ des animateurs. Pour clôturer ces ateliers, nous organiserons une exposition et un concert dans l’enceinte du camp. Dans un second temps, nous organiserons un événement à Rennes, où nous exposerons les œuvres réalisées dans le camp lors d’une soirée intégrée au programme du Festival des Solidarités à Rennes.
Origine du projet
Si le pacte migratoire signé entre la Turquie et l’Union européenne le 18 mars 2016 avait pour principal but de limiter l’arrivée des migrants sur le territoire européen, l’invasion d’Afrin en janvier 2018 aura eu pour conséquence immédiate de pousser à l’exil des milliers de familles, fuyant la Syrie vers l’Irak et la Turquie, afin de rejoindre les routes migratoires européennes. Le flux migratoire entre la Turquie et la Grèce augmente de manière sensible dès mars 2018. Le gouvernement turc laisse alors les exilés d’Afrin rejoindre la Grèce, se servant allégrement du drame migratoire pour faire pression sur l’Union européenne en refusant de jouer son rôle de rétention. L’aide économique que la Turquie reçoit de l’Union européenne pour retenir les migrants ne trouve pas d’équivalent en Grèce, qui subit toujours de plein fouet les conséquences de la crise économique de 2011 mais qui héberge sur son sol plusieurs milliers de familles rentrées clandestinement ou non aux « portes » de l’Europe. Des milliers de migrants se retrouvent donc détenus dans des camps comme celui sur l’île de Lesbos, au large de la Turquie, où près de 9 000 personnes vivent dans un camp prévu pour 3 000, dans des conditions abjectes et dans le silence assourdissant de la communauté internationale. Depuis le début de l’année 2018, ce sont près de 20 000 personnes qui se sont échouées sur les îles grecques, où les radeaux en provenance de Turquie ne cessent d’accoster.
Le camp de Lavrio, situé à 60 km au sud d’Athènes, fait figure d’exception au milieu de cette crise migratoire et humanitaire sans précédent en Grèce. Construit en 1947 pour héberger les mineurs qui travaillaient dans les mines de Laurion, les bâtiments sont réinvestis dès le début des années 50 et servent alors de foyer pour les réfugié·e·s qui fuient l’Union soviétique. Dans les années 70, la gauche turque récupère les lieux avant que le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More ne s’y impose au début des années 1980. Dés lors, le camp devient un lieu d’accueil pour les sympathisants, qu’ils soient Kurdes ou Turcs, du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, du MLKP (Parti marxiste-léniniste), du MKP (Parti maoïste) ou du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More. Le conflit en Syrie et les purges en Turquie vont voir le nombre d’habitants du camp augmenter de manière considérable à partir du début des années 2010. En 2015, un nouveau camp est alors ouvert à quelques kilomètres du centre-ville. Les habitants du camp investissent alors des conteneurs installés par l’Etat grec pour recueillir des réfugiés, mais qui n’ont alors jamais été utilisé à ces fins.
Jusqu’au 31 juillet 2017, le gouvernement grec apportait une aide aux réfugiés du camp : la Croix-Rouge y tenait alors des locaux et l’UNHCR (Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés) y avait une représentation officielle. Mais sous la pression de l’Etat turc, qui qualifie le camp de lieu de formation militaire du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, l’Etat grec s’est totalement désengagé du camp, abandonnant les locaux et demandant même sa fermeture pour des raisons troubles. Depuis, le bon fonctionnement du camp ne tient plus qu’à la solidarité locale et internationale permettant de pallier les besoins matériels et alimentaires. Lors de l’afflux de réfugié en avril 2018, afin de pouvoir accueillir les centaines de familles ayant fui Afrin, des tentes sont dressées aux abords du camp de conteneurs.
L’organisation interne du camp, l’auto-administration sur le principe du confédéralisme démocratique, n’est pas étrangère aux pressions qui ont menés au désengagement de l’Etat grec, les pressions de l’Etat turc se basant sur la présence du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More et son contrôle idéologique sur le camp pour demander sa fermeture. Organisé en comité et en assemblée populaire, le camp est autogéré par ses habitants qui assurent la sécurité, l’éducation et la répartition de denrées alimentaires. Le principe des communes permet aux 350 habitants du camp de veiller à son bon fonctionnement en participant concrètement à son organisation et à la répartition des tâches. Expérimenté également au RojavaKurdistan occidental (Kurdistan de Syrie), divisé en trois cantons : Cizirê (le canton le plus peuplé comprenant notamment la ville de Qamişlo), Kobanê et Efrin. More (Fédération de la Syrie du Nord), le projet politique prend, dans le cadre spécifique du camp, une forme particulière puisque s’y mêlent les problématiques migratoires, c’est-à-dire le mouvement, l’attente et le renouvellement permanent des occupants du camp. Il est cependant évident que les conditions de vie y sont nettement meilleures que dans la majorité des autres camps de réfugiés, même ceux soutenu par l’Etat grec. Les liens avec la société civile grecque étant très fort, construits sur une longue amitié entre les Kurdes et les Grecs, le camp n’est pas isolé du reste de la société grecque et est même, au contraire, pleinement intégré à la vie économique et sociale du quartier.
Un convoi solidaire est donc parti pour Lavrio en octobre dernier afin d’y apporter des médicaments et du matériel médical, répondant aux besoins et aux demandes émises directement par le camp. Le syndicat Sud-Education et Solidaires ont organisé cette délégation à laquelle les Amitiés Kurdes de Bretagne se sont jointes, pour étudier les possibilités d’une éventuelle collaboration avec le camp.
Après de nombreux échanges avec les habitants du camp, avec les représentants de l’assemblée et les coordinateurs, nous avons convenu que nous organiseront au courant de l’année 2019 deux semaines d’atelier pour les enfants et pour les adultes du camp.
A quoi servira l’argent collecté ?
1 000 euros seront dédié à l’achat du matériel nécessaire à la réalisation de ces ateliers, matériel qui sera laissé au camp :
- matériel de musique : 6 guitares et diverses percussions
- matériel photographique : 6 appareils photos numériques et du matériel pour la réalisation d’un atelier sténopé
- matériel d’arts plastiques : colle, ciseaux, toiles, peintures, pinceaux
Les 500 euros restant permettront de défrayer une interprète qui se rend avec nous dans le camp pour faciliter la communication lors des ateliers.
Une réflexion au sujet de « Lavrio, le refuge de l’espoir »
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