Le colloque de Diyarbakir vu à travers la presse de Turquie

01EKSPRES_01.jpg

Nous avions, début mars, accueilli à Rennes l’association Dom-der, “Autisme, Action à Diyarbakir” et facilité les contacts avec les collectivités publiques, les institutions, les associations et les personnalités pouvant, de par leur pratique et leur expérience, aider cette association de parents d’enfants autistes à mieux cerner cette question et préparer un véritable projet de vie pour leurs enfants.

A cette fin, Armelle Darcel-Thomas, docteur en Sciences de l’éducation et spécialisée en autisme, de Saint Brieuc et Franck Métayer, chef d’unité à l’IME Le Triskell à Rennes, ont animé un colloque dont la presse locale régionale et nationale a largement rendu compte (notamment les agences de presse Cihan et Agency News Firat, et les journaux Ekspres, Özgür, Olay, Söz, Zaman).

André Métayer

01EKSPRES_01.jpg

AUTISME : HANDICAP A VIE (Ekspres Diyarbakir 3 Avril 2011)

C’est une obligation moderne de créer des maisons de soutien pour familles d’autistes, des terrains de sport en plein air, des ateliers de métiers, de musique (rythme), d’art et des centres de vie indépendantes” déclare Mine Onur, présidente fondatrice de DOMDER, en ouverture du premier colloque, à Diyarbakir. “L’autisme est une maladie dont la cause n’est pas tout à fait connue de par le monde et pour laquelle il n’y a pas de traitement ; ce n’est qu’avec une éducation intensifiée et individualisée que les personnes autistes acquièrent une indépendance dans leurs capacités de vie.

DOMDER cherche une solution aux problèmes des personnes atteintes d’autisme (Cihan)

En ce jour, 2 avril, journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, DOMDER a mis au grand jour les problèmes qui se posent tant aux personnes autistiques qu’à leur famille. Le Dr Armelle Thomas a attiré l’attention de l’auditoire sur les troubles envahissants du développement (autisme) qui posent de gros problèmes d’intégration à la vie sociale. Elle a insisté sur le fait qu’il est important que les soins et l’éducation des personnes autistiques soient suivis de manière continue.

L’autisme peut être différent de personne à personne (on compte jsuqu’à 8 catégories) ; la maladie peut changer chez une même personne autiste… les personnes atteintes d’autisme ont une mémoire topographique et ne comprennent souvent que le premier sens du mot… la place des personnes professionnelles et des familles est très importante afin que les personnes autistes puissent être intégrées dans la vie sociale. Pour le Dr. Thomas, la capacité intellectuelle de certaines personnes autistes peut être élevée : “l’autisme est plus fréquent chez les hommes que les femmes, a-t-elle ajouté ; il y a, en moyenne, une femme pour quatre hommes atteinte d’autisme”.04OLAY_01.jpg

Conférence de sensibilisation à Diyarbakir pour l’autisme (ANF) – Amed – 2 avril 2011

Mine Onur, présidente fondatrice de DOM-DER, a ouvert ce colloque en notant que c’est la première fois qu’une telle conférence internationale est organisée dans la région et en soulignant que l’autisme dont les causes ne sont toujours pas tout à fait connues est une maladie qui n’a pas de traitement : “ce n’est qu’avec un enseignement approfondi et personnalisé que les personnes atteintes d’autisme pourront acquérir un certain niveau d’autonomie… l’autisme est un genre de handicap qui dure toute la vie et c’est pour cette raison que toutes les familles ayant des membres atteints d’autisme sont confrontées à de grandes difficultés et à de grandes souffrances. Ce problème ne peut être allégé que par une solidarité sociétale, a conclu la présidente en expliquant que l’Association DOM-DER a été créée par les parents d’enfants autistes et que leur but commun est d’embellir le présent et le futur des enfants autistes et d’améliorer leur vie qualitativement.

Entendez-vous notre cri silencieux? Nous sommes autistes (ANF) – Amed, 3 avril 2011

Cette conférence internationale organisée par l’Association “Autisme, Action à Diyarbakir” et soutenue par le Conseil de la Ville et la Mairie Métropole de Diyarbakir, s’est tenue dans la salle de Théâtre de la Mairie Métropole. Mme Hafize Ipek, adjointe au Maire Métropolitain, Mr. Abdurahman Kurt, député AKP, Mme Mine Onur, présidente et fondatrice de DOM-DER, les spécialistes de différentes écoles, psychologues et éducateurs, ainsi que les familles ayant des enfants autistiques ont participé à la conférence.

EDUCATION DES FAMILLES

D’après Mine Onur, le souhait des familles est d’apprendre les nouvelles méthodes éducatives et d’utiliser les approches modernes pour être plus près de leurs enfants. Compte tenu de l’importance de la coopération entre “médecins de familles”, “psychologues”, ” éducateurs spécialisés” et “les familles”, ce colloque a été suivi, le lendemain, 3 avril, par un séminaire ouvert à l’attention des familles.

CREATION D’UN CENTRE PERMANENT

Hafize Ipek, Adjointe au Maire Métropolitain de Diyarbakir qui dans son discours d’ouverture a remercié DOM-DER pour la volonté associative dont elle a su faire preuve, a confirmé qu’un lieu réservé pour les personnes autistiques était acquis où les familles pourront s’adresser et demander soutien : “l’autisme est un des plus importants problèmes non seulement à Diyarbakir mais dans la région, en Turquie et en Europe, c’est une maladie qui, dans sa lutte, n’est pas suffisamment soutenue et qui n’est pas suffisamment connue” et d’encourager DOM-DER à utiliser “toutes les nouvelles technologies d’information et de communication”.

LES SOUTİENS POLITIQUES

Hafize Ipek, pointant le doigt l’ampleur des problèmes que vivent les familles d’enfants autistes, a assuré l’assemblée de la solidarité de la Mairie Métropole de Diyarbakir : “J’ai la conviction que, comme dans toutes choses, l’amour et la solidarité vaincront toutes les maladies dites sans espoir. Nous, en tant que Municipalité, nous sommes prêts à y mettre beaucoup d’amour et à faire les gestes de solidarité qu’il convient”.

Abdurrahman Kurt, député AKP de Diyarbakir, a apporté également, au nom de la région mais aussi de la Turquie toute entière ses encouragements aux familles ayant des enfants handicapés et aux membres de l’association de DOMDER ; il a, à titre personnel et au nom du gouvernement, promis d’apporter une aide aux personnes ayant un handicap de plus de 69% sous la forme d’une allocation trimestrielle de 900 TL, “ce qui est une chose importante”, a-t-il ajouté.

L’AUTISME APPARAIT AVANT 3 ANS

A la suite des discours d’ouverture, Armelle Darcel-Thomas, docteur en Sciences de l’Education et spécialisée en autisme et Frank Métayer, chef d’unité de l’IME Le Triskell à Rennes, ont tour à tour fait part de leurs travaux de recherche sur l’autisme et de leurs pratiques professionnelles, au quotidien, auprès et pour les enfants et adultes autistiques.

Le Dr Armelle Darcel Thomas s’est efforcée de présenter les différentes formes du “trouble envahissant du développement” et de rendre accessible la compréhension de phénomènes complexes : “l’autisme, qui affecte les personnes dans leur capacité à développer des relations sociales, est un obstacle à la communication orale et développe des comportements stéréotypiques apparaissant chez les personnes avant l’âge de 3 ans ; c’est une situation d’obstacles qui va durer toute le vie.” et d’ajouter : “les relations sociales des individus autistes sont très limitées, car ils ont un problème de communication et de concentration. Il est dit des personnes autistiques qu’elles sont mentalement “aveugles”. Elles ne peuvent ni comprendre leurs propres sentiments ni ceux des autres. Les simples mots que nous utilisons dans la vie courante peuvent être très complexes pour elles. Les personnes autistiques enregistrent dans leur cerveau le premier sens des mots. Elles se rappellent des objets sans cesse avec la mémoire photographique. C’est pour cette raison que ces personnes ont du mal à se concentrer et à garder leur attention sur d’autres personnes. Un accroissement intenable de son, une montée soudaine de chaleur sont autant de phénomènes qui peuvent entrainer différentes réactions”.

UNE SOLUTION DIFFERENTE POUR CHACUN

Le Dr Armelle Darcel-Thomas est formelle : on ne guérit pas l’autisme avec des médicaments ; pour autant, l’emploi de médicaments peut contribuer à faciliter la vie des personnes et de leur famille en stoppant ou en ralentissant l’évolution de la maladie : “il est très important que l’éducation des jeunes personnes autistiques puisse bénéficier en permanence d’une aide professionnelle et du soutien des familles ; dans cette maladie, voir c’est savoir. Dans ce sens, il est important de réaliser une éducation avec des dessins et des photos ; l’éducation doit se faire en relation avec des objets concrets et en employant le langage tant écrit qu’oral ; il n’y a pas de solution unique pour tous. L’éducation doit prendre en compte l’individu, ses centres d’intérêt et son profil personnel”.