Mieux qu’un long discours, le reportage sur le Kurdistan de Syrie diffusé il y a 3 ans sur TV5Monde et l’interpellation de son auteur, le journaliste français Loup Bureau, par la police d’Erdoğan alors qu’il transitait par la Turquie, permet en trois minutes 21 secondes de tout comprendre sur la dérive autoritaire du monarque turc, qui ne souffre aucune critique ni aucune contestation, même celles qui ne pourraient l’atteindre qu’indirectement.
Loup Bureau, étudiant en journalisme dont la famille réside à Nantes, a fait partie de la promotion 2011/2012 de l’IUT de Lannion avant d’intégrer l’Institut des Hautes Études des Communications Sociales (IHECS) de Bruxelles. Il lui est reproché ce reportage auprès des combattants kurdes en Syrie (YPGUnités de protection populaire (Yekîneyên Parastina Gel), branche armée du PYD, d’environ 40 000 hommes. More), en première ligne face à l’Etat islamique, mais dont l’organisation est considérée comme terroriste par la Turquie.
C’est le troisième journaliste français arrêté en Turquie en un an : Olivier Bertrand a été détenu du 11 au 13 novembre 2016 ; en mai 2017 c’était Mathias Depardon qui était arrêté puis détenu jusqu’au 9 juin, avant d’être expulsé de Turquie, sans compter les incarcérations d’autres journalistes étrangers.
Le cas Loup Bureau parait plus préoccupant encore car il a été arrêté sur la base de la loi antiterroriste turque et les accusations dont il fait l’objet l’ont directement conduit dans une prison de Sirnak. Reporter sans Frontières (RSF) rappelle que les accusations liées au terrorisme en Turquie “font peser de très lourdes peines de prison. À savoir, plusieurs décennies”.
“La détention provisoire, en Turquie, est systématique et rarement limitée. La justice turque en fait un usage systématique et punitif” prévient Johann Bihr, responsable du bureau Asie centrale de RSF. La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse. L’arrestation et la mise en détention de Loup Bureau éclairent crûment la situation de milliers de personnes emprisonnées en Turquie pour le motif fallacieux d’appartenance à une organisation terroriste, coupables en fait de contester la politique d’Erdoğan.
Libérez Loup Bureau
De nombreuses organisations de journalistes et de défense de la liberté de la presse, dont la Fédération internationale des journalistes, RSF, les syndicats SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes, ainsi que la chaîne TV5 Monde, l’équipe pédagogique de l’IUT de journalisme de Lannion et ses anciens camarades de promotion, sa famille et ses amis ont lancé la semaine dernière des appels à la “libération immédiate” du journaliste. Les Amitiés kurdes de Bretagne s’associent et en appellent aux autorités françaises et européennes pour faire preuve de fermeté à l’égard de pays dits amis dont les dirigeants se conduisent de façon indigne.
Un comité de soutien vous invite à signer la pétition :
sa famille, ses amis et ses collègues s’inquiètent de sa mise en détention. Loup Bureau n’a fait qu’exercer son métier de journaliste dans une zone de conflit où la répression envers la presse est de plus en plus violente. Nous appelons à sa libération immédiate.
Pour suivre et relayer l’actualité du Comité de Soutien à Loup Bureau, vous pouvez rejoindre le groupe Facebook ou suivre le hashtag #FreeLoupTurkey.
André Métayer