“Centenaire : le naufrage du Kurdistan”. Ainsi titrait Le Télégramme du 21 octobre 2010 dans la rubrique locale Plouguerneau à la demande de l’association Karreg-Hir. En mémoire de cet événement une stèle fut élevée au sommet d’un promontoire rocheux et porte l’inscription suivante:
Cette croix a été érigée par la compagnie Anglo-algérienne de Londres à la mémoire des capitaine, officiers, équipage et des passagers du paquebot “Kurdistan” perdu en mer le 21 octobre 1910, ainsi qu’ en hommage de reconnaissance pour les habitants et autorités du pays qui recueillirent les restes des 17 naufragés rejetés sur la côte et pour la famille Nézou, qui autorisa d’élever cette croix sur ce terrain.
En dehors de cette inscription, aucun renseignement sur cette catastrophe : causes, lieu, nombre de noyés, de survivants, conséquences, rien, ni dans la mémoire locale, ni dans les textes.
Ce paquebot (cargo) fut lancé le 16 avril 1906 pour le compte de l’Anglo-Algerian Steamship Co. Ltd. basée à Swansea sur la côte sud du Pays de Galles. D’après les informations parues dans les journaux de l’époque, le “Kurdistan”, dirigé par le capitaine Mannings, aurait quitté Manchester le 14 octobre pour Bassorah via Marseille où il devait arriver aux alentours du 28 octobre et y embarquer des passagers.
Le New-York Times du 6 novembre 1910 indique que 2 survivants sont arrivés le 5 novembre aux Canaries. Se sont eux qui rapportent le naufrage du “Kurdistan” à l’entrée de la Manche à 60 miles (111,12 kms) au sud des Iles Scilly. Ils faisaient partie d’un groupe d’une dizaine de personne ayant pu embarquer à bord de la seule embarcation mise à l’eau lors du naufrage. Ils seront récupérés 26 heures plus tard par le voilier britannique Vincent et transférés le 2 novembre à bord du vapeur allemand Santa Ursula qui les dépose aux Canaries. D’après le Brisbane Courier du 7 novembre 1910, le naufrage aurait fait 46 victimes et 2 rescapés.
Cinq navires appelés “Kurdistan” connaîtront une fin malheureuse.
Oublié ! Oublié ce naufrage comme le fut si longtemps le peuple kurde vivant dans cette contrée nommé Kurdistan. En tous cas, cette appellation ne fut pas toujours taboue, mais il est vrai que la Turquie n’existait pas encore en 1910.
Michel Le Hir