Chaque année, avec les femmes du monde entier, les femmes kurdes font du 8 mars une journée de lutte et de revendication. Elles se souviennent du 8 mars 1857 à New York, quand des centaines de femmes travaillant dans le secteur du textile se sont mises en grève pour protester contre les salaires trop bas, les journées trop longues et les conditions inhumaines de travail. Depuis 1945, la Journée internationale des femmes est célébrée dans le monde entier.
Le Mouvement des Femmes kurdes en Europe rend hommage à cette occasion
à toutes les femmes remarquables qui ont péri en luttant contre l’oppression et l’exploitation exercée par le système d’hégémonie masculine et notamment à Clara Zetkin, à Rosa Luxemburg ainsi qu’à Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, assassinées à Paris le 9 janvier 2013.
Clara, Rosa, Sakine, Rojbin, Leyla, même combat
La lutte menée par Sakine Cansiz pour les droits des femmes et les droits du peuple kurde en a fait la Rosa des Kurdes. Quant à Fidan Dogan, elle était une diplomate inlassable et persévérante. Enfin, Leyla Şaylemez représentait la jeunesse kurde ayant grandie en Allemagne. Ces trois générations de femmes, ces trois militantes kurdes et féministes, ont été exécutés en raison de leur lutte. Nous ne les oublierons pas et ne cesserons de militer pour que les auteurs et les commanditaires de ces crimes odieux soient identifiés et condamnés par la justice française. Aujourd’hui, 157 ans après la première grève des femmes à New York, l’exploitation du travail et les politiques sexistes, conservatrices et nationalistes tendent toujours à réduire les femmes en esclavage.
Le Mouvement des Femmes kurdes dénonce ce monde dont les décideurs sont des hommes :
discriminées à la maison et au travail, privées de leur langue par l’Etat, interdites de penser par leur père, leur frère ou leur oncle, les femmes kurdes n’acceptent pas cette situation. Voilà près de 30 ans qu’elles se regroupent au sein d’associations et de partis, organisent des conférences, des formations, militent dans la rue, travaillent dans les usines et les champs. Dans toutes les organisations créées par le mouvement kurde, les femmes sont à égalité avec les hommes sur le plan de la politique, de la formation, de la culture.
L’exemple du Kurdistan de Syrie
Et ce combat que mènent les femmes kurdes porte ses fruits, comme au Kurdistan de Syrie (RojavaKurdistan occidental (Kurdistan de Syrie), divisé en trois cantons : Cizirê (le canton le plus peuplé comprenant notamment la ville de Qamişlo), Kobanê et Efrin. More) où les femmes ont donné un sens radicalement différent au concept de pouvoir :
elles prônent le partage du pouvoir, un pouvoir antimilitariste fondé sur le dialogue et le droit. C’est sur la base de ces principes qu’ont été créés des assemblées, des académies et des coopératives. Les compétences et les pouvoirs de décision sont partagés à égalité entre les hommes et les femmes. Par leur lutte, les femmes kurdes ont démontré qu’elles étaient résolument tournées vers la paix. Cependant, elles sont conscientes qu’elles doivent lutter encore davantage pour diffuser ce nouveau concept de pouvoir partout où vivent les Kurdes. C’est dans cet esprit quelles manifestent ce 8 mars 2014,
conclut le Mouvement des Femmes kurdes en Europe.
André Métayer