Selahattin Demirtaş, co-président du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More, devra attendre jusqu’au 6 septembre pour comparaître devant ses juges. Il est détenu depuis le 4 novembre 2016. Il encourt jusqu’à 142 ans de prison selon le réquisitoire du procureur général de Diyarbakır.
Le procès risque d’être long et particulièrement tendu car Selahattin Demirtaş n’est pas homme à se laisser impressionner et ses récentes déclarations faites du fond de sa prison, à l’occasion du referendum, laissent à penser que les dialogues vont être musclés entre l’accusé et ses juges
Le courage est contagieux
Encourageant ses concitoyens à voter “non” au référendum, Selahattin Demirtaş les exhorte à ne pas céder à la peur et, à cette occasion, s’en prend vertement au comportement “lamentable et honteux”, de ceux qui exercent sous influence des pouvoirs législatifs, exécutifs ou judiciaires, ou qui siègent dans les hautes sphères des médias :
un juge qui, parce qu’il a peur, n’agit de manière équitable, un membre du parlement ou un journaliste qui, parce qu’il a peur, s’auto censure et ne dit pas son opinion, tous ces gens devraient démissionner et aller se terrer chez eux, la peur au ventre…
Ces lâches permettent à ce gouvernement tyrannique d’introduire habilement des pratiques illégales. Nous arrêter de manière si illégale sur ordre du gouvernement est en soit un acte de lâcheté et d’incompétence. Mais soyez en sûrs, nous obligerons ces lâches à rendre des comptes devant une justice juste et impartiale.
Notre peuple a montré bien plus de courage que ces lâches et a vaincu la peur. L’Etat s’est immiscé au sein du pouvoir judiciaire et des médias, et l’Histoire gardera à coup sûr le souvenir honteux de ce groupe d’acteurs spécifiques qui aura échoué à relever leurs têtes déjà bien basses. Mais je rends justice à tous ceux qui, dans les tribunaux comme dans les médias, sauvent l’honneur avec des actions d’équité.
Un grave crime a été et continue à être commis contre nous. Tous les juges le savent mais certains d’entre eux ont préféré céder aux pressions. Aujourd’hui mon appel est simple : Sauvez au moins votre honneur en démissionnant…
Je félicite nos millions de citoyens, en Turquie ou à l’étranger, qui ont, dans un tel climat, refusé de céder à la peur, et qui résistent avec dignité et courage. Le futur démocratique de la Turquie a jusqu’à présent été déterminé par ceux qui ont démontré de la résistance, et ceux qui résisteront continueront à déterminer ce futur.
Le courage est contagieux, conclut-il et il appelle chacun, quelles que soient les différences politiques, ethniques ou religieuses, à être solidaire et confiant dans l’avenir.
André Métayer