La 6ème Haute Cour pénale de Diyarbakir s’est trouvée devant une situation, inédite jusqu’alors, depuis l’ouverture du procès le 18 octobre dernier intenté à 151 personnalités kurdes, élus politiques et associatifs, qui présentent leur défense en s’exprimant dans leur langue maternelle. Il en est de même pour les interventions de leurs avocats qui plaident en kurde et qui déposent plaintes sur plaintes pour entrave : les micros sont, en effet, systématiquement coupés et les contrevenants expulsés manu militari de la salle d’audience.
Le tribunal obstine à refuser l’emploi du kurde arguant du fait que les accusés peuvent s’exprimer en turc, et allant même jusqu’à déclarer que la langue kurde est un idiome “inconnu” ; les inculpés, dont un grand nombre sont détenus depuis de longs mois – avril 2009 pour certains – montrent en la matière une tranquille détermination.
C’est, tout le monde l’a compris, une formidable tribune pour le combat identitaire : il démontre que les “avancées” ne sont pas si conséquentes qu’on voudrait le dire ; même la Commission européenne dans son rapport annuel, note que les efforts du gouvernement turc en direction de la minorité kurde “n’ont produit que des résultats restreints” et réclame une nouvelle constitution.
La 6ème Haute Cour pénale de Diyarbakir s’est donc trouvée acculée à demander l’arbitrage de la 4ème Haute Cour pénale qui va statuer en appel et rendre sa décision le 13 janvier 2011.
Dans cette attente, le Pouvoir ne baisse pas la garde et la répression continue à s’exercer durement : les demandes de remise en liberté des détenus ont été refusées et aucune astreinte liée au contrôle judiciaire pour les prévenus en liberté conditionnelle n’a été allégée.
A. Métayer