En marge du procès dit de Kobanê impliquant 108 dirigeant·e·s du Parti démocratique des Peuples (HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More) dont Sebahat Tuncel et Gültan Kışanak, la 11° audience du procès intenté contre ces deux femmes accusées de “propagande et participation à une organisation terroriste” s’est tenue vendredi 21 mai à Malatya. Elles sont détenues pour ce motif depuis cinq années dans la tristement célèbre prison Type F de très Haute Sécurité de Kandira, à Kocaeli, au nord de la Turquie, où se trouvent également détenues Figen Yüksekdağ, députée de Van et vice-présidente du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More, Çağlar Demirel, députée de Diyarbakir, Gülser Yıldırım, députée de Mardin.
Gültan Kışanak, co-maire destituée de la ville métropolitaine de Diyarbakir et ancienne députée de Diyarbakir, devait répondre de son rôle dans l’association humanitaire Sarmasik dont les activités ont été suspendues par décision administrative, comme plus de 70 ONG selon un rapport d’Amnesty International.
Les accusations portées contre moi concernant l’association Sarmasik sont de la pure fiction. Quand l’AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More aide, il n’y a pas de problème, mais quand j’aide, je deviens une ʺterroristeʺ. Peut-on faire une distinction entre les pauvres ?
se défend Gültan Kışanak. L’association Sarmaşık fournissait, avant sa fermeture, une aide alimentaire et dispensait des cours à 32 000 personnes à Diyarbakır, y compris à des personnes déplacées de force par l’État. L’association continue à se battre et exploite toutes les voies de recours juridique pour contester cette décision qui fragilise gravement ces familles vivant dans un dénuement extrême.
Sebahat Tuncel a, quant à elle, dénoncé le procès « Kobanê » qui se tenait le même jour dans le complexe pénitentiaire de Sincan à Ankara et dans lequel elle est également poursuivie :
Il s’agit d’une conspiration contre tous les hommes et les femmes kurdes, élus démocratiquement. Quand des millions de personnes observent les relations coupables entre les gangs mafieux du grand banditisme et le ministre de l’Intérieur Süleyman Soylu, la Turquie tremble mais aucun procureur ne bouge. Mais quand il s’agit des Kurdes, alors, là, les réactions sont immédiates.
Cihan Aydın, l’un des avocats de la défense, dénonçant la durée excessive du procès, a également fustigé l’attitude des juges et s’est écrié : “c’est une honte pour la robe que vous portez”.
Après avoir rejeté les demandes de mise en liberté déposées par les avocats des deux femmes politiques, le tribunal a ajourné le procès au 22 juillet.
André Métayer