Le projet JASMINES (Jalons et Actions de Solidarité – Municipalisme et Internationalisme avec le Nord-Est de la Syrie) impulse une plateforme multi-acteurs pour faciliter et renforcer les échanges et les coopérations entre municipalités et société civile en France et acteurs locaux et municipalités du Nord et de l’Est de la Syrie (NES).
Au cœur de l’expérimentation dans la région du Nord et de l’Est de la Syrie qui depuis 2014 se fonde sur l’égalité des genres, l’écologie, la démocratie locale, la coexistence pacifique des peuples et l’économie sociale et dans le cadre du réseau de coopération JASMINES, la Fondation Danièle Mitterrand et la Ville de Lyon épaulent l’association Les Tresses vertes dans son projet de reforestation de la région et de sensibilisation écologique.
Aujourd’hui, la dynamique du réseau JASMINES se consolide et s’élargit. Dans ce cadre, des membres du réseau accueillaient du 3 au 16 décembre une délégation de quatre responsables associatifs et municipaux de la région du NES. De gauche à droite sur la photo :
• Ziwer Ceikho, co-président de l’association Les Tresses vertes ;
• Rawshen Suleman, conseillère technique eau assainissement de l’ONG Un Ponte Per ;
• Berivan Omar, responsable du Département de l’écologie et des bureaux des femmes du canton de Cêzirê ;
• Suleyman Khalil, co-président du Comité des municipalités du canton de Cêzirê.
La délégation a été accueillie à Poitiers le 11 décembre dernier après un passage à Lyon et Grenoble avant de terminer son voyage par la remise du prix de la Fondation Danielle Mitterrand à Paris. Ils ont été reçus dans chaque ville par des acteur·rices de la transformation solidaire, écologique et démocratique. A Poitiers, les AKB, qui organisaient les rencontres, avaient mis les petits plats dans les grands. Le buffet a été assuré par des femmes kurdes d’Amara entre autres, merci à elles !
Cette rencontre a commencé par un échange auquel participaient, outre les quatre membres de la délégation et leur interprète Camille, des membre de la fondation Danielle Mitterrand – Jérémie Chomette, Pierre Bonneau – des élus de la Ville de Poitiers – Zoé Lorioux-Chevalier, conseillère municipale en charge des relations internationales et des relations publiques et Thomas Vogel son collaborateur – et une délégation importante des AKB et du Conseil démocratique kurde de Rennes (CDK-R Amara).
Après les présentations, les échanges ont abordé l’impact terrible des bombardements turcs récents, qui ont failli compromettre la venue de nos invités. Malgré les difficultés ils et elles ont choisi d’honorer ce rendez-vous pour travailler au développement du projet JASMINES avec les municipalités partenaires.
Un état d’alerte permanent depuis le début des bombardements turcs
Les populations du RojavaKurdistan occidental (Kurdistan de Syrie), divisé en trois cantons : Cizirê (le canton le plus peuplé comprenant notamment la ville de Qamişlo), Kobanê et Efrin. More sont menacées en permanence et vivent dans un état d’alerte quotidien. Les infrastructures sont détruites par les bombardements qui visent particulièrement les installations électriques et sanitaires, ainsi que les hôpitaux et camps de réfugiés. La Turquie coupe les vannes sur l’Euphrate, réduisant drastiquement le débit du fleuve à l’arrivée en Syrie. Un projet est en prévision qui permettrait de ne plus dépendre de la Turquie mais les financements sont pour le moment insuffisants. L’accès à l’eau potable est également un enjeu essentiel pour la région puisque les nappes phréatiques sont en partie contaminées en raison de la non prise en charge des déchets. Les 30 000 déplacés des deux camps de la région de Hesekê (Hassaké) n’ont pas accès à l’eau potable et sont approvisionnés en eau à usage domestique par camion-citerne.
Des témoignages de vie et d’espoir malgré tout
La vitalité et le goût de vivre s’expriment profondément à travers ces témoignages, le désir de faire vivre cette société dotée d’un gouvernement autonome où les droits des femmes, l’écologie sont des valeurs essentielles. L’exemple est aussi donné de l’action de l’association les Tresses vertes, qui entend œuvrer à la reforestation, non seulement dans les villes, mais aussi dans les campagnes qui ont été laissées à l’abandon pendant les décennies antérieures. L’association intervient dans les écoles, développe des actions de sensibilisation à la protection de l’environnement et des actions de formation auprès des enseignants et des élèves.
Les Kurdes attendent de nous un soutien dans leur quête pour une paix négociée
Comme le rappelle Suleyman Khalil, le projet JASMINES constitue un espoir énorme mais il ne peut pas se réaliser dans une société soumise au chaos : la paix est l’élément essentiel et indispensable à la reconstruction :
Nous avons l’impression de passer notre temps à reconstruire ce que nos ennemis ne cessent de détruire : comment avancer dans ces conditions ? Mettre fin à la guerre est la première des étapes.
Les membres de la délégation syrienne nous appellent, en France et en Europe, dans la dignité la plus remarquable, à les soutenir dans leurs aspirations à la paix. Exigeons la création d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus du territoire du Nord et de l’Est de la Syrie pour protéger les populations civiles et nos alliés, dans la guerre contre le terrorisme, des crimes de guerre que l’État turc a déjà commis et menace de commettre à nouveau sur le territoire du RojavaKurdistan occidental (Kurdistan de Syrie), divisé en trois cantons : Cizirê (le canton le plus peuplé comprenant notamment la ville de Qamişlo), Kobanê et Efrin. More.
Photo : Gael Le Ny