Erol Özkoray, journaliste turc indépendant qui partage sa vie entre les rives de la Seine et celles du Bosphore, est le premier journaliste-écrivain à défier l’armée turque en tant qu’intellectuel. Mais il ne s’arrête pas là : en 2010, il publie « Turquie : le putsch permanent » dans lequel on peut lire : ” nous sommes en face d’un régime post-totalitaire, face à un totalitarisme sournois, dans un univers orwellien”. Le 1er août 2013, il publie “Gezi Fenomeni” (Le Phénomène Gezi), un essai de 280 pages sur les manifestations du Parc Gezi. Il s’ensuit une convocation par un procureur d’Istanbul et une mise en examen. Le procès se tient Istanbul le 22 mai dernier, au cours duquel le procureur requiert une peine de 32 mois de prison pour “insulte au Premier ministre Erdoğan” et demande que le journaliste soit déchu de ses droits civiques et politiques.
Le verdict est tombé le 23 septembre 2014 : le tribunal correctionnel d’Istanbul condamne Erol Özkoray pour diffamation envers le président Erdoğan à 11 mois et 20 jours de prison assortis d’une peine de cinq ans avec sursis.
Reporters sans frontières, qui classe la Turquie à la 154ème place sur 180 pour la liberté de la presse, voit dans ce procès inique un message clair adressé à la société civile :
le pouvoir turc a fait d’Erol Özkoray un exemple, afin de dissuader ceux qui souhaiteraient suivre son exemple. Le régime confirme son intention de mettre au pas les voix critiques au sein de la société turque.
André Métayer