Un peu d’humanité dans un monde de violence
Les Amitiés kurdes de Bretagne, qui organisent depuis plusieurs années des projets culturels, ont commencé en 2016 un nouveau projet en direction de la population yézidie réfugiée à Diyarbakir, au camp de Fidanlik que la Ville de Rennes soutient financièrement. Une équipe de professionnels a animé, en juin et juillet, des ateliers de photo, de peinture et de musique. Une restitution officielle des travaux réalisés cet été a eu lieu ce samedi 22 octobre à Diyarbakir.
Nathalie Appéré, Maire de Rennes, qui suit avec attention l’évolution de la situation en Turquie et ses répercussions sur Diyarbakir et ses habitants, a envoyé, à cette occasion, un message de soutien à la co-maire de Diyarbakir, Gültan Kışanak :
nous avons appris avec une réelle préoccupation qu’un nombre important d’élus a été destitué et que des procédures judiciaires sont en cours. Au nom des liens qui unissent Rennes et Diyarbakir depuis 30 ans, liens entretenus par l’engagement de militants associatifs rennais, je veux rappeler notre attachement profond au respect de l’état de droit et des principes démocratiques, qui protègent les libertés fondamentales, en particulier l’autonomie des pouvoirs locaux. Je tiens enfin à vous réaffirmer notre solidarité et vous redire que la Ville de Rennes reste à l’écoute de Diyarbakir afin de vous apporter toute aide ou soutien que vous jugerez utile, notamment dans le cadre de l’accueil des réfugiés.
De même, Frédéric Bourcier, vice-président du Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine (qui a également participé au financement du projet en faveur des enfants de Fidanlik) a exprimé sa solidarité :
à l’occasion de la restitution du travail des ateliers des enfants du camp de Fidanlik, je souhaitais féliciter les artistes et les enfants. Ils démontrent que malgré une situation de guerre aux conséquences désastreuses, il y a toujours un espace pour plus d’humanité. Avec mon soutien au peuple kurde, à tous ceux qui souffrent, à tous ceux qui luttent. Fraternellement.
André Métayer
Joie et glissades à la mairie de Diyarbakir
Les ateliers menés par Amitiés kurdes de Bretagne au mois de juin 2016 auprès des enfants yézidis du camp de Fidanlik (Diyarbakir) ont connu leur jubilé cet après-midi, dans la salle d’exposition de la mairie de Diyarbakir. La plupart des enfants ayant participé aux ateliers étaient présents ainsi que nombre de leurs amis venus spécialement pour l’occasion. D’autres, partis en Allemagne ou en Iraq pendant l’été, ont été représentés grâce au documentaire réalisé par Tony Rublon que les enfants ont regardé avec enthousiasme ! Ce film retrace les deux semaines vécues avec Gaël Le Ny, François Legeait, Elie Guillou et Dilshad Questani au début de l’été, semaines pendant lesquelles ils ont été initiés à la photographie, la peinture et la guitare. Tandis que leurs photos défilaient et qu’ils se reconnaissaient en riant, des chansons ont été chantées, le son des guitares a rempli la salle ; puis, dans un désordre plein de vie un goûter a disparu des tables. Photos de groupe dans l’herbe, jeux informels… Les enfants ont visité les locaux de la mairie, plus ou moins surveillés par des adultes plus ou moins débordés. Les filles, habillées de couleurs vives et robes longues pour faire honneur à ce moment, allaient et venaient dans la pièce aux miroirs pour vérifier qu’elles étaient correctement décoiffées. Les garçons, se tenant par la coude et glissant sur le sol, ont lustré un carrelage qui n’en demandait pas tant. Le service de sécurité est formel : rien n’a été renversé – ou presque. Puis ce petit monde s’est rué dans le bus municipal qui les attendait en klaxonnant calmement. Les adieux, une vague main secouée derrière la vitre arrière, furent à l’image de la journée : d’une légèreté têtue et nécessaire. Le véhicule a démarré et la salle d’exposition est restée vide, secouée mais reconnaissante : pendant quelques heures, la tempête a donné du sens à son carrelage. La mission Fidanlik III est donc un succès. On songe maintenant à la prolonger pour rencontrer, dans les monts Sinjar, les protagonistes et les survivants du drame de 2014 qui a poussé cette population yézidie à s’enfuir, et photographier les lieux. Les images et les informations recueillies serviront à mieux faire connaître en France cette communauté et son histoire.
Elie Guillou
Photos F.Legeait